Campus "prometteur" Paris-Est : 90 millions d'euros confisqués !

Publié le : 20/04/2012


 Campus « prometteur » Paris-Est : 90 millions d'euros confisqués !

Une opération qui détourne l'argent public des missions de service public.

par Stéphane Tassel

Le 29 avril 2009, Valérie Pécresse, alors ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche en prise avec le plus gros mouvement universitaire depuis cinquante ans, annonçait la liste des campus « innovants » et « prometteurs ». Après la communication à grand renfort de presse des douze campus (Paris intra-muros, Saclay, Condorcet-Paris- Aubervilliers, Lille, Lorraine, Strasbourg, Lyon Grenoble, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Aix Marseille) préfigurant les huit Idex, trois mois de conciliabules d'arrière-cuisine ont accouché de cinq campus qualifiés de « prometteurs », parmi lesquels celui du PRES « Paris- Est (Créteil-Marne-la-Vallée) ».
À Marne-la-Vallée, trois ans plus tard qu'en est-il vraiment ? Dans un communiqué de presse, le ministère déclarait que ce campus « labellisé » avait « obtenu [une] subvention » de 50 millions d'euros. Aujourd'hui encore, l'utilisation de ces fonds est incertaine (rénovation de bâtiments fortement détériorés, constructions nouvelles...). Rien n'a trouvé de concrétisation réelle. Un seul point ne fait pas de mystère : l'obligation faite par la tutelle de contracter un partenariat public-privé (PPP). Au-delà de l'augmentation du point de TVA résultant du dernier plan d'austérité voulu par le président de la
République qui fait s'envoler près d'un million d'euros, c'est un loyer de plus de 5 millions d'euros qui devra être versé pendant un peu moins de 30 ans.
Représentant environ 5 % du budget global annuel de l'université de Marne-la-Vallée, ces annualités devraient être compensées par le ministère qui, dans le même temps, augmentede 5 % des montants mis en réserve - et in fine... jamais rendus. Sur 30 ans, le coût total de cette opération serait de 138 millions d'euros, engloutissant près de 90 millions d'euros de deniers publics, détournés des missions de service public d'enseignement supérieur et de recherche.
L'université n'a pas demandé la dévolution du patrimoine immobilier, passée aux responsabilités et compétences élargies en janvier 2009. Par conséquent, son compte financier a été certifié par un commissaire aux comptes pour la première fois en avril 2010, avec une « réserve relative au patrimoine immobilier » de l'université, évalué par « France Domaine » à 93 millions d'euros. À en croire les chiffres résultant de la bureaucratie tatillonne imposée par la loi LRU, censée être la garantie de rigueur et de sérieux (sic) : en 30 ans le PPP imposé par la labellisation de « campus prometteur » détournerait l'équivalent du patrimoine immobilier de l'université dans une opération de réfection d'un bâtiment hors d'âge... Où est la réussite ?