Bourses, droits d'inscription : quand l'austérité conduit aux pires propositions !
Bourses, droits d'inscription : quand l'austérité conduit aux pires propositions !
Dans une tribune récente (24 juin), la Conférence de Présidents d'Université (CPU) demande de revoir le système des bourses aux étudiants. Si le SNESUP-FSU partage l'affirmation de la CPU que « l'Etat doit tenir ses promesses aux étudiants et assumer la charge financière des aides sociales qu'il met en oeuvre sans le faire sur le budget des universités », en revanche, il s'oppose absolument à son discours faussement vertueux « C'est le système des bourses qu'il convient donc de revoir en étant plus exigeant sur les présences aux cours et sur les résultats, sur le droit systématique et répété au redoublement sans conditions et en s'interrogeant sur le saupoudrage actuel de bourses individuelles dérisoires. »
Suggérer ainsi que l'absentéisme ou le redoublement seraient dus à la paresse étudiante combinée au laxisme institutionnel est non seulement désobligeant, tant pour les étudiants que pour les enseignants, mais c'est surtout une négation de la réalité : alors qu'en 2007, selon le rapport du Conseil économique et social sur le travail étudiant, 15 à 20 % des étudiants travaillaient de façon régulière pendant leurs études, cette proportion atteint désormais 46 %, dont plus de la moitié par nécessité financière, selon l'enquête de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE) publiée en décembre 2013. Alors que plus de la moitié des étudiants (54 %) déclarent être confrontés à des difficultés financières, l'activité salariée réduit sensiblement l'assiduité en cours et l'investissement dans le travail personnel et en parallèle elle augmente les difficultés de santé (épuisement, déprime) et l'échec.
Il est indispensable que l'Etat respecte ses engagements, non seulement sur le versement (annonce le 30 juin 2014 par le ministre d'une bourse de 1000 € par an pour les étudiants boursiers au taux zéro) et la revalorisation des bourses (dont le montant maximum est actuellement de 550 € par mois sur 10 mois), mais aussi sur la compensation totale, versée aux établissements, de l'exonération des droits d'inscription. Toute proposition visant à diminuer le nombre de boursiers, le montant des bourses ou à mettre en balance le budget des établissements et celui de l'aide sociale aux étudiants est inadmissible pour le SNESUP-FSU.
Le SNESUP-FSU rappelle aussi qu'il défend de longue date la revendication d'une allocation d'autonomie attribuée à tous les jeunes, leur permettant de poursuivre des études dans des conditions financières correctes.
En période d'austérité budgétaire croissante, la tentation d'augmenter les droits d'inscription devient aussi de plus en plus irrésistible, y compris pour les établissements publics d'enseignement supérieur : les écoles de l'Institut Mines-Télécom augmentent leurs droits d'inscription de 118 % (1850 euros à la rentrée 2014), Paris Dauphine prévoit une augmentation allant jusqu'à 41 % (jusqu'à 5940 € de droits d'inscription dans les diplômes de grand établissement frauduleusement intitulés « masters »), l'école des Ponts et Chaussées augmente aussi de 81 % les droits d'inscription au diplôme d'ingénieur, qui passeront à 2 570 € par an à la rentrée 2014.
Si les diplômes nationaux (Licence, Master, Doctorat) sont jusqu'ici épargnés de telles augmentations, depuis un an on assiste à un afflux de propositions d'augmentation massive, voire de libération totale des droits d'inscription : rapport parlementaire Adnot-Gillot en avril 2013 (« Porter les droits de scolarité à la moyenne européenne (soit 600 euros par étudiant) permettrait d'augmenter les ressources des universités de 900 millions d'euros. »), association des agents comptables d'université en juin 2013 (« la question du modèle économique des universités doit être posée dans sa globalité, ce qui nécessite de s'interroger aussi sur la hausse des droits d'inscription »), le président de l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (« le gouvernement ne résoudra pas le problème financier tant qu'il ne laissera pas les universités libres de mettre en place les droits d'inscription qui leur permettraient de concurrencer, à armes égales, les écoles »)...
Le SNESUP-FSU exercera localement comme nationalement la plus grande vigilance sur ces questions et s'opposera à toute augmentation des droits d'inscription.
Paris, le 30 juin 2014