Assises Nat. 22&23janv04
SNESUP-FSU, SNCS-FSU, SNASUB-FSU, SNEP-FSU,
UNEF,
A&I UNSA, SNPTES-UNSA, FERC-CGT (FERC-SUP, SNTRS-CGT)
APPEL POUR L'UNIVERSITE
Nous voulons débattre publiquement du service public d'enseignement supérieur et de recherche, de ses missions, de sa situation, de son avenir en France, en Europe et dans le monde. Le gouvernement refuse qu'il en soit question dans l'actuel débat sur l'école. Et pourtant la mobilisation des étudiants et des personnels de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche de ces dernières semaines montre avec force que c'est à la fois une source d'inquiétude et une grande cause nationale. Dans cette situation, il est urgent d'ouvrir un espace public de débat démocratique. C'est la responsabilité que nous prenons en invitant tous les acteurs de la communauté universitaire - étudiants, personnels, élus locaux, acteurs de la demande sociale? - à participer aux assises locales et nationales de l'université et de la recherche que nous lançons aujourd'hui.
L'état et l'avenir de l'Université, du service public d'enseignement supérieur et de recherche, nous concernent tous. De 1975 à aujourd'hui les effectifs d'étudiants ont augmenté de 88 % alors que la dépense moyenne par étudiant ne s'est accrue que de 28 %, passant de 6 580 à 8 390 euros. Les dépenses cumulées par étudiant placent la France en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE.
Le diagnostic s'impose à tous : la nation
n'a pas fait l'effort nécessaire pour répondre à la demande
croissante de formation et de qualifications supérieures dans
maints domaines de la vie économique, sociale, scientifique et culturelle.
Ce siècle a quatre ans et force est de constater que l'Université
n'a jamais été véritablement une priorité nationale
au cours des dernières décennies, au point de ne pouvoir faire
face à la demande sociale prévisible de diplômés.
L'Université en est d'autant fragilisée. Elle n'a jamais été
en état d'accomplir pleinement sa mission essentielle qui est d'être
un service public dont l'objectif doit être de démocratiser l'accès
et la réussite des étudiants dans les études supérieures
et dont les formations allient les dimensions scientifiques, culturelles et
professionnelles sans sacrifier l'une à l'autre.
Faute d'une politique ambitieuse pour elle, les conditions
économiques ont hypothéqué les conditions de travail de
ses étudiants et de ses personnels. Dans le même temps,
la diversité des étudiants s'est accrue De plus en plus nombreux
sont ces étudiants qui ne partagent pas spontanément les règles,
les codes, les présupposés, les manières de travailler
requis pour les études supérieures ; lesquels, en retour, sont
insuffisamment mis en question, critiqués, rénovés.
Plus que jamais, la persistance des échecs, le fragile élan, stoppé,
de la démocratisation et la qualité de la formation, appellent
un engagement éthique renouvelé des enseignants et les moyens
de celui-ci dans l'enseignement et la production de savoirs nouveaux. Il faut
sortir du statu quo et impulser des changements. Oui, un autre enseignement
supérieur est possible dont la finalité serait d'élever
le niveau culturel, scientifique et professionnel, d?assurer la réussite
d'un plus grand nombre de jeunes et d'adultes, par la formation initiale
et continue, par la VAE. Oui, la France a besoin d'aller au plus vite vers
3 millions d'étudiants en ayant un enseignement supérieur
écartant les ségrégations et sélections sociales
et rapprochant les missions des Universités et des Ecoles.
Nous constatons également que l'Université n'est pas non
plus en mesure d'assumer pleinement une de ses missions première
qui est de contribuer à l'effort national et européen
de recherche. Est-il nécessaire de rappeler que, dans un monde
où les relations entre recherche, innovation, développement, activités
et emploi sont décisives, c'est là une priorité, une urgence
?
Nous avons l?ambition de donner corps à une grande idée, à une utopie concrète : fonder l'Université, l'enseignement supérieur, comme service public de notre temps. Cette idée se heurte aujourd'hui à des choix gouvernementaux dont le sens est de mettre toujours plus en compétition les établissements, les formations, les personnels iatoss, enseignants-chercheurs et enseignants du supérieur, chercheurs. Choix néolibéraux pour lesquels le savoir est un objet de commerce soumis à l'offre et à la demande.
Tel est le choix : réserver le savoir et la culture
à une élite fluctuant au gré des restructurations de l'offre
de formation et des ressources individuelles ; ou bien les faire partager par
de plus en plus de jeunes et d'adultes dans un espace universitaire français
et européen. Nous n'entendons pas non plus renoncer à
ce que nos universités constituent un pôle d'attraction pour les
étudiants du monde entier.
Nous ne saurions nous satisfaire de déléguer cette mission aux
seules universités américaines, et à leur seul profit.
Notre ambition est de promouvoir un modèle de coopération avec
tous les pays basé sur l'échange et le développement.
Nous appelons tous les acteurs de l'Université, tous les partisans d'un service public pour le plus grand nombre, à se mobiliser pour élaborer propositions et alternatives.
Nous les appelons à faire échec à l'entreprise néolibérale de déconstruction du service public.
Nous les appelons à participer
à ces Assises de l'Université locales et nationales dont le temps
fort aura lieu à Paris les 22 et 23 janvier à la Sorbonne.