Université d'Orléans : « La vérité sur Parcoursup » - Communiqué intersyndical du 3 avril 2018

Publié le : 09/04/2018

 

Communiqué de presse de l'intersyndicale FSU (SNASUB-SNESup)-CGT-Solidaires et de personnels non syndiqués de l'université d'Orléans, suite à la réunion du mardi 3 avril 2018.

 

La vérité sur Parcoursup

Parents, lycéens, étudiants, citoyens,

on vous ment sur Parcoursup et ses conséquences !

 

Alors que seuls 0.9% des lycéens français ont été concernés par le tirage au sort à l’entrée de l’université en 2017, le système Parcoursup organise la possibilité d’une sélection pour tous.

Alors qu’il faut des moyens financiers et humains aux universités pour accueillir les 28 000 étudiants supplémentaires prévus pour la rentrée 2018, à travers le système Parcoursup, le gouvernement organise la pénurie et favorise la mise en place de filières sélectives. Ce système ferme les portes des universités et de certaines formations à de nombreux bacheliers qui y auraient eu accès jusqu'à présent.

Lycéens, alors qu’on vous a dit que votre lettre de motivation est un critère déterminant de votre candidature : personne ne la lira ! Les universités sont appelées à élaborer des algorithmes locaux, opaques, qui transforment les appréciations qualitatives des conseils de classe en données chiffrées utilisées pour un classement automatisé.

Alors que l’université publique française est fondée sur l’accès de droit à tout titulaire du bac et sur l’égalité entre les établissements, les critères de tri peuvent changer d’une formation à une autre et d’une université à une autre (par exemple, moyenne de certaines notes, voire lycée d’origine). Certains critères très subjectifs, tels que « esprit d'initiative » ou « degré d'autonomie », ou discutables, tels que le très vague « cohérence du projet », entreront ainsi dans le calcul final sous forme de notes.

Alors qu’on vous parle de dispositif de remédiation (les fameux « oui si »), la plupart des universités sont dans l'incapacité de les mettre en place, faute de moyens.

Même les étudiants qui souhaitent se réorienter après une première année à l’université doivent se soumettre aux exigences de Parcoursup. Ils seront classés avec les nouveaux étudiants, avec des conséquences imprévisibles.

Alors qu’on vous dit qu’il n’y a pas d’autre alternative que Parcoursup, nous enseignants-chercheurs, enseignants, personnels administratifs de l’université souhaitons ouvrir un vrai débat sur l’avenir du service public de l’enseignement supérieur.
 
Tournant le dos à l’égalité que doit garantir l’obtention du baccalauréat, premier diplôme de l’enseignement supérieur, le système Parcoursup met en place les conditions d’une compétition et d’un classement entre les élèves, les enseignants, les formations, les universités et les territoires.

Pour défendre le service public de l'enseignement supérieur et le libre accès des jeunes bacheliers à l'université dans les études de leur choix, nous appelons à se mobiliser contre la mise en place de ce système de sélection inique.

 
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"Résolution du Conseil de l’UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines de l’université d’Orléans, adoptée à l’unanimité le 5 avril 2018:

Le Conseil de l’UFR LLSH rappelle que le baccalauréat est le premier diplôme de l’enseignement supérieur et qu’il donne le droit à tous les bacheliers de s’inscrire en licence dans la filière de leur choix.

En conséquence, nous refusons le principe même des capacités d’accueil, c’est-à-dire la limitation a priori du nombre de places en licence telle qu’elle apparaît sur l’application Parcoursup. Au contraire, le service public doit accompagner l’augmentation du nombre de bacheliers qui souhaitent s’inscrire à l’université par un accroissement proportionnel des moyens humains et financiers dévolus aux universités.

C’est pourquoi nous nous opposons au classement des candidatures des futurs bacheliers et nous décidons de ne pas réunir les commissions qui doivent réaliser ces classements à travers des algorithmes de surcroît opaques, qui ne peuvent que générer des inégalités et des injustices.

Le Conseil de l’UFR demande donc à la Présidence de l’université de mettre en place les mesures permettant d’accueillir tous les étudiants.

Le Conseil de l’UFR dénonce l’hypocrisie de la communication gouvernementale qui promet des dispositifs de remise à niveau avec la possibilité théorique du « oui si » sans donner dans le même temps aux universités les moyens de mettre en oeuvre ces dispositifs. »