Université de Poitiers : Motion de l’assemblée générale des personnels et étudiant.es du 5 mars 2020

Publié le : 11/03/2020

 

Motion de l’Assemblée Générale de l’université de Poitiers du 5 mars 2020

 

Par cette motion, l’Assemblée Générale des personnels et étudiant.es de l’université de Poitiers, réunissant 396 personnes, affirme son opposition résolue à une série de réformes et de projets annoncés :

 

  1. Réforme du système de retraite par répartition.

De multiples analyses, depuis plusieurs mois, montrent le caractère régressif de cette réforme établissant un système « par points ». Son véritable but est de limiter – et de fait de diminuer – le montant des pensions de retraite, tout en allongeant la durée des carrières. La plupart des actifs (publics et privés) et des retraité·es seront perdant·es dans cette réforme, et particulièrement les fonctionnaires, alors que leur niveau de vie ne cesse déjà de diminuer depuis de nombreuses années. Cette réforme affecterait très durement tout le personnel de l'enseignement supérieur et de la recherche, un secteur de plus en plus marqué par des carrières tardives et accidentées. Les plus précaires et les moins bien payé·es, surtout les femmes, en seraient les principales victimes. L’application brutale du 49.3 n’a fait que renforcer notre détermination.

 

  1. La Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) en préparation.

Cette loi « inégalitaire et darwinienne » (dixit Antoine Petit le PDG du CNRS), loin d'apporter des éléments pour lutter efficacement contre la précarité et la surcharge de travail des personnels des universités et des laboratoires, dégraderait encore nos statuts et nos conditions de travail, dans le prolongement d’une politique menée depuis une vingtaine d’années. Sa logique est de parachever la mise en place d’un système universitaire à deux vitesses, au détriment de la grande majorité des étudiant·es. Pour une grande partie des enseignant·es-chercheur·ses, elle signifierait encore plus de difficultés à accomplir leur mission de recherche (modulation imposée des services, non-paiement des heures supplémentaires, recherche sur projet, concurrence accrue entre pairs et affaiblissement des instances nationales de régulation comme le CNU…). Pour les jeunes chercheur·ses, elle signifierait une entrée encore plus difficile dans la carrière, avec la généralisation de la logique de contractualisation (« contrats de projet »). L’horizon est bien celui d’un précariat généralisé et d’une caporalisation des personnels, à l’encontre de tous les objectifs et de toutes les valeurs du service public d’enseignement et de recherche.

 

  1. La précarisation des personnels enseignants, chercheur·ses, administratifs et techniques de l’Université.

Avec la réforme de l'assurance-chômage de 2019, qui cible les contrats courts, les précaires de l'enseignement et de la recherche voient leur situation s’aggraver. Cependant, la précarité n'est pas seulement le résultat de ces politiques récentes, mais le résultat d'une dégradation continue des moyens, des conditions de travail et des statuts à l'université. Aujourd'hui, les universités et les laboratoires vivent de l'exploitation des précaires, que ce soit pour l'enseignement, la recherche ou l'administration. La précarité qui marque l'ESR est aussi celle des étudiant·es, parfois obligé·es de cumuler études et emploi dans des conditions toujours plus difficiles.
Notre lutte s’inscrit dans la défense du principe de solidarité et des services publics. Elle vise à défendre l’université comme lieu ouvert à tout·es, et producteur de connaissances qui ne sont pas dictées par les impératifs du marché.

 

Devant cette accumulation d’attaques contre nos métiers, la production et transmission du savoir, mais aussi contre nos disciplines et plus généralement contre les valeurs de solidarité et d’intelligence collective qui fondent le service public d’enseignement supérieur, l’AG des membres de l’université de Poitiers réunis ce jour refuse la résignation. Elle appelle les membres de la communauté universitaire à ce que :

  • soient organisées dans nos divers locaux, départements, UFR, laboratoires des réunions d’information et de débat sur ces projets et sur l’avenir de l’ESR, et les modalités d’action face à ces projets : grève, rétention de l’évaluation HCERES, retrait des comités d’évaluation, démission des responsabilités administratives, à rejoindre les autres luttes (dans les secteurs de l’éducation, de la santé, du transport, les gilets jaunes…)…

  • la mobilisation des personnels et étudiant·es soit facilitée au plan administratif, dans le respect des personnes (mobilisées ou non) et du matériel commun. L’assemblée rappelle le droit des personnels et étudiant.es à se mobiliser et combattra toute forme de répression.

L’assemblée générale invite les candidat.es à la présidence de l’université de Poitiers à se positionner publiquement sur ces points.

Elle appelle à une vaste mobilisation à partir de ce jour, 5 mars 2020 en lien avec la coordination nationale des facs et labos en lutte et l’intersyndicale interprofessionnelle.

 

Les membres de l’assemblée générale de l’université de Poitiers

 

Motion adoptée à l’unanimité des présent.es au moment du vote moins 9 abstentions et 8 personnes ne prenant pas part au vote.