Université de Picardie Jules Verne : 6 motions votées dans divers conseils entre le 29 janvier et le 4 avril 2018

Publié le : 12/04/2018

Université de Picardie Jules Verne :

6 motions votées dans divers conseils

entre le 29 janvier et le 4 avril 2018

 

Motion du Comité Technique du 29 janvier 2018. Université de Picardie Jules Verne

Les représentants élus (FSU, SNPREES-FO, SNPTES) au comité technique de l’Université de Picardie Jules Verne, réaffirment leur attachement au libre accès des bacheliers à l’enseignement supérieur public et regrettent vivement les nouvelles modalités choisies par le gouvernement pour l’organiser.

Alors que la loi « relative à l’orientation et à la réussite des étudiants » n’a pas encore été adoptée par le Parlement, le ministère contraint l’université à mettre en place une réforme dans le flou et l’urgence au détriment de ses autres missions. Il met une pression particulièrement inacceptable sur le monde universitaire et sur les lycées, et crée une insécurité détestables pour les futurs bacheliers qui vont être sélectionnés selon des modalités qu’ils ne connaissent toujours pas, et qu’ils vont découvrir au fur et à mesure.

Les universités ont à cœur d’accompagner, de former et de favoriser la réussite du plus grand nombre. C’est là tout le sens de leur mission. Mais pour atteindre cet objectif, il faut des moyens que le ministère nous refuse depuis des années.

Le comité technique dénonce le manque de moyens humains et financiers, rendant chaque année plus difficile les conditions d’opérer une rentrée digne et conforme pour ses étudiants et ses personnels. Et tout cela dans un contexte d’augmentation constante du nombre d’étudiants à accueillir. On conçoit mal comment l’établissement pourrait mettre en place, sans moyens adéquats, un accompagnement personnalisé des étudiants.

En demandant aux universités de classer les candidatures étudiantes selon un certain nombre de critères, alors que les universités ont des capacités d’accueil limitées, le ministère s’apprête en réalité à mettre en œuvre une sélection qui ne dit pas son nom. Sous couvert d’une supposée personnalisation, c’est un changement complet de la politique d’accès des bacheliers à l’enseignement supérieur qui est organisé. C’est un recul historique, et certainement pas un progrès social.

La sélection des étudiants va de pair avec la mise en concurrence des établissements : comment ne pas voir que la réforme en cours vise à faire le tri entre les établissements dits « d’excellence » qui accueilleront les « excellents » étudiants et les « autres » établissements qui accueilleront les « autres » étudiants ?

Afin de continuer à défendre le service public universitaire français, les représentants élus au comité technique invitent leur président, leurs doyens, leurs instances décisionnaires à refuser de mettre en place cette réforme de l’accès à l’université et réitèrent son appel au ministère afin que soient accordés aux universités les moyens humains et matériels nécessaires pour assurer ses missions.

Adopté à l’unanimité

 

Motion du Conseil de Gestion de l’UFR de Philosophie, Sciences Humaines et Sociales du 8 février 2018. Université de Picardie Jules Verne

Le conseil de gestion dénonce la mise en place à marche forcée d’un projet de loi n’ayant pas encore fait l’objet d’un vote.

Adopté à l’unanimité

 

Motion du Conseil de Gestion de l’UFR des Arts du 12 mars 2018. Université de Picardie Jules Verne

Le conseil de gestion de l’UFR des Arts de l’Université de Picardie Jules Verne sursoit à la nomination des présidents de commissions de sélection: adopté à l’unanimité.
Refuse le dispositif « oui si » et ses modalités mise en oeuvre: adopté à l’unanimité

 

Motion du Département de Science Politique du 25 mars 2018. Université de Picardie Jules Verne

Le département de science politique refuse de désigner des membres d’une commission d’évaluation des dossiers Parcoursup pour une entrée en Licence de science politique tant que les modalités d’évaluation n’auront pas permis de garantir à tou.te.s les bachelier.e.s des chances égales d’accès à l’enseignement supérieur. Le département de science politique s’oppose ainsi particulièrement à la distinction entre "oui" et "oui si » et propose d’accorder un oui à tous les dossiers qui lui seront soumis.

 

Motion du Département de Sociologie, Ethnologie, Démographie du 29 mars 2018. Université de Picardie Jules Verne

Le département de Sociologie, Ethnologie, Démographie de l’UFR SHS de l'Université de Picardie-Jules Verne, exprime son opposition de principe au dispositif ParcourSup et au classement des dossiers de candidature. Compte-tenu des décisions adoptées démocratiquement ce jour en réunion, le département décide que, pour ses formations, la commission d'examen des voeux prévue par la loi adoptera les critères d'examen suivants :
a/ Le baccalauréat, qui vaut maîtrise des attendus nationaux.
b/ La motivation des candidats, démontrée par leur inscription sur la formation sur Parcoursup

Motion du Conseil de Gestion de l’UFR des Sciences du 4 avril 2018. Université de Picardie Jules Verne

Comme l'a déjà fait le Conseil de Gestion des Arts le 12 mars dernier, en votant une motion en ce sens, le Conseil de Gestion de Sciences se prononce contre la sélection des étudiants et refuse de nommer les Présidents des commissions de sélection et de paramétrer un tant soit peu l’algorithme de Parcoursup.

En effet, les lycéens abordent dorénavant la troisième étape de Parcoursup. La communauté universitaire se trouve toujours placée dans une grande nébuleuse. Les seules informations
disponibles sont le nombre impressionnant de dossiers que les personnels devront traiter et la misérable enveloppe allouée par le ministère pour le dispositif. Pour mémoire, cette enveloppe est censée rémunérer les directeurs d’études, les membres des commissions de sélection et l’accompagnement des « oui si ». L’importance du nombre de dossiers est telle qu’il est impossible de ne pas recourir à l’aide d’un algorithme. Or, c'est précisément un algorithme qui était à l’origine de tous les maux d’APB. Aucune information n’a été fournie sur le nouvel algorithme de Parcoursup. De plus, cet algorithme sera incapable de déchiffrer les informations de type qualitatif (lettres de motivation, attestations de toutes sortes et autre "fiche avenir" qui sont demandées par Parcoursup, documents sources d’angoisse, voire de dérives mercan tiles pour bon nombre de lycéens)… Comment, dans ces conditions, garantir à tous, notamment aux lycéens en situation de handicap, l’égalité des droits et des chances ?

Par ailleurs, que gagnent les universités avec Parcoursup ? Une charge de travail supplémentaire s’ajoutant aux nombreuses tâches qui leur sont déjà demandées, une disparité des profils étudiants grâce aux parcours personnalisés, une mise à niveau des étudiants annihilée par le manque de moyens, l’instauration d’une compétition entre les établissements ?
Certains enseignants, soumis à la dégradation constante de leurs conditions de travail, espèrent une hausse du niveau moyen des étudiants. Or, tous les établissements sont soumis désormais à Parcoursup. Une hausse de ce niveau dans une université sera inévitablement corrélée à une baisse équivalente dans une autre université. Qui est capable de prévoir le résultat pour un établissement donné ? Concernant l’orientation, si certains lycéens auront le choix entre plusieurs formations qui les intéressent, il y a fort à parier que beaucoup d'autres, du fait des capacités d’accueil limitées, se retrouveront dans des formations qui leur sembleront peu attractives. L'absence de numérotation de choix par le lycéen a cassé l'indicateur de satisfaction qu'était le premier choix d'APB.

De plus, si (suite à un nouveau problème d'algorithme par exemple) Parcoursup laissait des candidats sans affectation, que ferions-nous ? Notre président l’a affirmé lors de l’AG du pôle OFRE : "aucun étudiant ne restera sur le bord du chemin". Nous prendrons donc tout le monde, mais dans quelles formations et avec quels moyens, mystère...

Un autre paradoxe va certainement apparaitre dans beaucoup d’universités : la Licence en 4 ans. Jusqu’à maintenant, nous constations un important taux d’échec en Licence que nous attribuions à un faible niveau à l'entrée en L1 pour certains étudiants. Pour éviter ces échecs, des étudiants vont se voir imposer un allègement d’emploi du temps de la L1, qui sera effectuée sur 2 ans. Cela revient donc à allonger d’un an la durée des études, sans dispenser plus de cours. Le système invente donc l’échec anticipé et obligatoire en première année, avec redoublement planifié. Parcoursup, ou : « pour éviter l’échec, rendons-le obligatoire ».

Pour conclure, la réforme annonce une volonté d'instaurer une sélection sociale des étudiants, nous promet beaucoup de travail supplémentaire dans une situation très tendue, génère du stress pour les lycéens et accessoirement pour leurs parents, tout cela sous prétexte de supprimer l'usage (très marginal d'ailleurs) du tirage au sort lié à APB pour le remplacer par le grand flou généralisé de Parcoursup. Finalement, cette réforme nous promet tout et ne donnera rien, en tous cas rien de bon...