Université de Perpignan Via Domitia : Motion des personnels du département d’histoire de sociologie réunis le 3 février 2020

Publié le : 18/02/2020

 

Motion du département de sociologie de l’Université de Perpignan Via Domitia

 

3 février 2020

Les enseignants-chercheurs du département de sociologie de l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD), réunis le lundi 3 février 2020, prennent position contre la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) et s’inscrivent dans le mouvement social en cours contre la réforme des retraites.

Ils dénoncent la dégradation continue de leurs conditions d’enseignement et de recherche : sous effectif structurel de l’équipe statutaire et recours massif aux vacataires, augmentation perpétuelle des tâches administratives, sous-financement de la recherche à laquelle ils et elles ont de moins en moins de temps à consacrer.

En ce qui concerne la LPPR, les enseignants-chercheurs du département de sociologie s’étonnent que la concertation ait été réalisée loin des acteurs de terrain et s’inquiètent du flou qui règne autour du projet de loi.

Si elle suit les recommandations des rapports issus des groupes de travail, la future LPPR ne fera qu’amplifier une situation déjà critique. La disparition du référentiel de 192 h conduira inévitablement à une augmentation des services des enseignants sans compensation financière et à un éloignement de la recherche. Ces mesures se feront au détriment des petites universités, structurellement sous dotées et éloignées des centres de décisions comme c’est le cas de l’UPVD, incapables de concurrencer les pôles d’excellence qui bénéficieront, eux, de hausse des dotations. La proposition d’adosser le décompte des heures d’enseignements aux ECTS des cours est un pur non-sens puisque les ECTS sont censés refléter le volume de travail demandé aux étudiants (1 ECTS = 25 à 30 h de travail étudiant), pas celui des enseignants-chercheurs.

La remise en cause des statuts suggérée par les rapports des groupes de travail accentuera la précarisation massive des jeunes chercheurs et aggravera ainsi un contexte déjà tendu depuis des années, révélant une réalité structurelle loin de l’annonce du gouvernement d’une « revalorisation des salaires » pour les jeunes chercheurs. Couplée à la réforme des retraites qui entraînerait mécaniquement une baisse de plusieurs centaines d’euros de nos pensions, cette précarisation est en contradiction certaine avec « le souci d’attractivité du métier » qui est pourtant mis en avant par les rapports.

Nos étudiants, dont une grande partie bénéficie de bourses octroyées sur des critères sociaux (40 % à l’UPVD), ne pourront qu’être au final pénalisés de cette mise en concurrence des universités qui leur sera défavorable, de la dégradation de la qualité de l’enseignement et du suivi qui découleront immanquablement de cette pression accrue sur les personnels. Sur le modèle de ce qui est en train de se passer avec la réforme du lycée, nous craignons l’institutionnalisation d’une université à deux vitesses dont nos étudiants pâtiront. Enfin, la remise en cause des fonctions du CNU et de la collégialité de l’évaluation des carrières par les pairs ouvrira la porte aux dérives localistes pourtant dénoncées dans les rapports.

Les enseignants-chercheurs du département de sociologie de l’UPVD dénoncent ainsi fermement ces évolutions et revendiquent de travailler dans le cadre d’un véritable service public de l’enseignement et de la recherche de qualité, ce pourquoi ils sont entrés dans le métier. Ils et elles s’associent ainsi aux motions qui ont déjà été votées dans d’autres structures de l’enseignement supérieur et de la recherche et se joignent aux luttes contre les réformes actuelles qui visent à démanteler l’État social. Nous appelons à une amplification du mouvement afin de convaincre le ministère de la nécessité d’un moratoire sur la préparation de cette loi. Nous demandons à ce qu’une vraie concertation large, contradictoire et ouverte à tous soit mise en œuvre au plus vite.

Motion adoptée à l’unanimité des membres du département Perpignan le 3 février 2020