Université de Grenoble : Motion de l'assemblée générale du 5 mars 2020

Publié le : 11/03/2020

 

Université de Grenoble :

MOTION DE L’ASSEMBLEE GENERALE DU 5 MARS 2020

qui a réuni plusieurs centaines de personnes, dans le cadre de la journée nationale d’action « la recherche et l’université s’arrêtent ».

 

L’assemblée générale a réaffirmé son opposition au projet de réforme des retraites et dénonce le passage en force du gouvernement qui a censuré le débat parlementaire en usant de l’article 49.3.

Elle rejette par ailleurs les orientations du projet de programmation pluriannuelle de recherche (LPPR), dont nous craignons de même qu’elle passe sous forme de décrets sans véritable loi débattue au parlement.

Ce projet LPPR, partant d’un constat que nous partageons (dégradation générale de la recherche française en raison de l’insuffisance des financements, de la précarisation des carrières et de la multiplication des appels à projet), préconise pourtant des solutions qui ne pourront qu’aggraver ces maux :

- renforcement du financement de la recherche par projet, en impliquant davantage les investissements privés et régionaux

- précarisation institutionnalisée notamment par l’utilisation des nouveaux contrats de projet, promulgués par décret en février, permettant une flexibilité accrue (car révocables avant la durée fixée initialement)

- individualisation des carrières et modulation des services des enseignants chercheurs, faisant de la recherche une variable d’ajustement budgétaire.

De la sorte, la LPPR, qui déconstruit les statuts et développe la concurrence à tous les niveaux, tente d’institutionnaliser ce que les luttes de 2009 avaient réussi à repousser.

Dans sa philosophie, la LPPR vise à parachever le projet de marchandisation des savoirs porté par le processus de Bologne, que nous refusons. Ainsi, dans notre université, nous désapprouvons la place grandissante occupée par les intérêts privés (participation de multinationales à la fondation UGA, construction des bâtiments sur le campus avec des partenariats public privé) et marchands (l’UGA est devenue une « marque »).

Dans cette perspective, le recours accru à la précarité est le principal rouage de cette déconstruction sociale : conçu comme une modalité managériale, inspirée du secteur privé, elle isole l’individu au détriment du collectif et de l’intérêt général.

Pour cette raison, nous demandons la titularisation des précaires, et nous demandons à l’UGA de ne pas recourir aux contrats de projet.

Nous exprimons tout notre soutien aux secteurs en lutte, et plus particulièrement en ce moment, aux collègues, parents et élèves engagés dans la lutte contre les E3C, la réforme du baccalauréat, et réitérons notre refus de Parcoursup et de la sélection à l’entrée de l’université.

Plus globalement, nous exigeons le retrait des projets de loi et réformes qui cassent les solidarités : LPPR, réforme des retraites, réforme de l’assurance chômage, loi de transformation de la fonction publique.

Pour construire une opposition ferme et victorieuse à ces réformes systémiques :

- Nous exigeons l’arrêt de toutes les formes de répression et de harcèlement, et demandons à la présidence de ne pas recourir à la répression policière et sécuritaire sur le campus ;

- Nous appelons à la grève vendredi 6 mars et mercredi 11 mars, jour de la prochaine Assemblée générale, pour préparer la grève générale du 31 mars.

 

Dans cette perspective, nous proposons les actions et temps forts suivants :

- Suite du printemps des chaises, le matin du 6 mars ainsi que le matin du 11 mars avant l'AG

- Tenue d’un comité de mobilisation le 6 mars à midi ;

- Envoi d’une délégation mandatée par l’AG à la coordination nationale facs & labos en lutte (6-7 mars - Paris) ;

- Envoi d’une délégation à la réunion de coordination des AG inter-pro & comités de grève (7 mars - Paris - 12h) ;

- Participation aux actions et manifestations des luttes féministes le 8 mars à Grenoble et le lundi 9 sur le campus : atelier « qu’est-ce que le genre ? » (12h15 à l’ARSH) suivi d’une manifestation à 13h30 ;

- AG Campus mercredi 11 mars (12h) ;

- Participation au cortège inter-pro à la manifestation pour la justice sociale et climatique du 13/03 ;

- Afin de manifester notre désaccord vis-à-vis de la LPPR, port d’un brassard ou d’un carré rouge, et ajout d’une signature de protestation dans tous les courriers électroniques.