Programme de la journée Approche par compétences du 7 avril 2022

Publié le : 17/02/2022

 

 

 

Journée « Approche par compétences » 

organisée par le SNESUP-FSU

 

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JEUDI 7 AVRIL 2022

De 10h à 17h

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Amphithéâtre Lavoisier A

Université Paris Cité, Campus de Saint-Germain-des-Prés

45 Rue des Saints-Pères, 75006 Paris 

 

Les réformes en cours dans l’Éducation nationale et dans les universités imposent des réorganisations des parcours et formations suivant des référentiels de compétences. Celles-ci s’appuient sur des approches par compétences (APC) plus ou moins normatives et issues de modèles à questionner. L’objectif de cette journée est, dans un premier temps, de présenter les concepts, l’idéologie et les limites de l’APC, ainsi que ses impacts sur la pédagogie et sur l’évolution du métier et de l’apprentissage en lycée professionnel, en licence professionnelle BUT (Bachelor universitaire de technologie), dans les INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) et en licence générale. A partir de toutes ces interventions, il s’agit de mener une réflexion collective sur les moyens de résister, de construire des alternatives, d’identifier les espaces de renormalisation déjà identifiés par les collègues pour préserver les libertés pédagogiques et développer un enseignement et une formation de qualité.

 

10h : Introduction SG (10 minutes)

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10h15-12h30 :

 

  • L’approche par compétences : origine et introduction dans le système éducatif

 

par Pierre Clément, maître de conférences en sciences de l'éducation (Université de Rouen), chercheur au CIRNEF

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En France, la notion de compétence a commencé à être discutée au début des années 1990 et a finalement été mise en application dans la loi d’orientation du 23 avril 2005. Depuis son apparition, cette notion a été fortement contestée par un certain nombre d'enseignants, de syndicats et de chercheurs. Pour comprendre comment l'éducation par compétences a fini par s'imposer, il faut prendre en compte la nature fondamentalement polysémique de cette notion. Après avoir rappelé ses origines, j'examinerai comment ses différentes significations ont été synthétisées au sein du socle commun de connaissances et de compétences en 2005. J'exposerai ensuite les contradictions auxquelles a donné lieu la mise en œuvre de cet objet hybride, avant d'analyser le nouveau compromis trouvé lors de la réforme du socle commun en 2015. En conclusion, on se demandera ce que les leçons de l'introduction progressive de l'approche par compétences dans l'enseignement scolaire peuvent nous apprendre quant aux modalités de sa transposition dans l'enseignement supérieur. 

 

  • Contrebattre des effets néfastes de l’approche par compétences en utilisant la notion de praxéologie

 

par Michèle Artaud, Membre du collectif FDE du SNESUP-FSU

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L’introduction de l’approche par compétences (APC) pour « formater » les formations dans l’enseignement supérieur est due à plusieurs conditions ou contraintes que les responsables de formation peuvent difficilement faire bouger. Cette approche comprend pourtant de nombreux écueils dont les moindres ne sont pas la disjonction entre les pratiques, les savoir-faire, d’un côté et les connaissances et les savoirs qui permettent de les produire et de les justifier, de l’autre ; ou encore une analyse non pertinente en termes de compétences de ce que l’on veut que les étudiants sachent et sachent faire à l’issue d’une formation. 

Nous expliciterons dans notre intervention comment la notion de praxéologie utilisée en théorie anthropologique du didactique pour modéliser l’activité humaine (Chevallard, 1995) peut permettre de modéliser les compétences, obtenir une analyse plus fonctionnelle que ce qui est fourni par le ministère et dans laquelle les savoirs ont toute leur place. 

 

14h-16h30 : L’introduction de l’APC dans le supérieur

 

  • L’approche par compétences dans les diplômes de la voie professionnelle

 

par Franck Feras, SNUEP-FSU

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Depuis longtemps, l’approche par compétences est présente dans les disciplines professionnelles des diplômes de la Voie Pro, notamment par la mise en place des référentiels d’activités professionnelles et de certification, déclinés en compétences puis en savoirs associés, sur lesquels doivent s’appuyer les enseignements. Plus récemment, d’une part les savoirs associés ont disparu des référentiels, souvent remplacés par des compétences dîtes « sociales » ou « comportementales », et d’autre part, cette approche s’est aussi imposée aux disciplines générales par une refonte des grilles d’évaluation certificatives, à leurs tours déclinées en compétences. Dorénavant, les diplômes prétendant être enregistrés au RNCP doivent être intégralement composés de blocs de compétences.

Si l’approche par compétence est une méthode parmi d’autres susceptible d’être choisie par l’enseignant∙e pour faire progresser ses élèves, son imposition comme modèle unique, et surtout le dévoiement consistant à décomposer les dîtes « compétences » en micro-tâches disjointes éloignent les élèves de la Voie pro de l’accès aux savoirs et savoir-faire propres à l’exercice du métier auquel ils et elles se préparent ou leur permettant une poursuite d’études dans des conditions optimales.

Aussi, les enseignant∙es de la Voie Pro ont mis en place nombre de stratagèmes tant pour continuer à pouvoir enseigner les gestes techniques et les connaissances plus théoriques qui les sous-tendent que pour persévérer à apporter les savoirs nécessaires à l’acquisition d’une culture commune par les jeunes lycéen∙nes. Et ce sont bien souvent ces stratagèmes qui ont permis à ces enseignant∙es de garder du sens dans l’exercice de leur métier.

 

  • Le BUT : une approche par compétences qui n’est pas sans conséquences

 

par Caroline Mauriat & Nicolas Gregori, membres du secteur formation du SNESUP-FSU

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Nous présentons l’approche par compétence (APC) déployée dans le bachelor universitaire de technologie (BUT). Cette APC est directement issue des travaux du Labset (laboratoire de l’université de Liège) qui a assuré une fonction de conseil dans la construction de ce nouveau diplôme, mis en place en 2021-2022. Cette approche, conçue pour être appliquée par des équipes pédagogiques volontaires au sein de leurs formations, a été imposée à la fois par l’ADIUT et par le ministère aux 24 spécialités de DUT, donc à des centaines de départements et à des milliers de collègues. Cette imposition n’est pas sans conséquences, à la fois sur l’organisation du BUT, sur le type de pédagogie à mettre en place et sur la validation du diplôme lui-même. Nous aborderons ces trois aspects (i) en décrivant le BUT lui-même, le pilotage autoritaire des instances de décisions et les évolutions des programmes nationaux par rapport aux anciens DUT, (ii) en décortiquant la mécanique particulière de constitution des compétences composées de deux objets singuliers, les situations d’apprentissage et d’évaluation et les ressources, (iii) en discutant des conséquences de cette APC pour les étudiants, qu’il s’agisse des règles de progression et d’obtention du diplômes ou du positionnement de ce nouveau diplôme dans le paysage de l’ESR. Le BUT construit en compétences ne relève pas d’une approche pédagogique « neutre », comme ses promoteurs voudraient le faire croire. On observe non seulement qu’une définition particulière de la compétence est imposée, comme si elle était consensuellement partagée, mais aussi que cette APC participe très certainement de la transformation du paysage universitaire voulue par l’actuel gouvernement.

 

  • Conséquences de l’approche par compétences sur les formations universitaires : le cas des INSPE et des licences générales

 

par Angélique del Rey, SNES-FSU, Professeure agrégée de philosophie (Université Gustave Eiffel), doctorante au LIPHA 

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La réforme des ESPE, devenues INSPE, a donné lieu à des changements médiatisés, comme la « masterisation » de la formation, par exemple. D'autres le sont moins, comme la réforme des contenus en blocs de compétences, désormais considérés comme primant sur les « savoirs », simples ressources au service de la formation de « compétences professionnelles ». Faut-il s'en réjouir ou le déplorer ? Est-ce réellement au bénéfice des étudiants et de leurs apprentissages ? Et comment le vivent les collègues sur le terrain, eux à qui l'on demande de réfléchir aux nouveaux contenus tout en leur imposant le cadre ? Cela change-t-il réellement quelque chose à leurs pratiques ? 

Et ce ne sont pas que les IUT ou les ESPE qui, à l'occasion de leur réforme, passent d'une logique « d'unités d'enseignement » à une logique de « blocs de compétences ». Les licences générales elles-mêmes, y compris celles d'histoire, de philosophie ou de... théologie sont destinées elles aussi à passer, progressivement, d'une logique de transmission de savoirs à une logique de formation de compétences, car, voilà la raison : derrière toutes ces licences il y a des métiers. Or, que penser de cette disparition de l'enseignement à l'université au profit de la formation ? Que penser de cette professionnalisation de l'université qui veut que tout apprentissage soit explicitement, directement et immédiatement utile et que les études universitaires ne visent au final que l'employabilité ?

 

  • Perspectives de la journée

 

par Hervé Christofol et Nathalie Lebrun, co-animateur et co-animatrice du secteur formation du SNESUP-FSU

Comment reprendre la main sur notre métier ? Quelles pratiques de résistances ? Comment préserver la liberté pédagogique ? Comment avoir un apprentissage de qualité ?

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