Parcoursup en surcharge : poursuivre la démocratisation de l'enseignement supérieur est une nécessité - Lettre flash n°97 du 15 juillet 2024

Publié le 15 juillet 2024

 

 

Comme chaque année depuis sa mise en place, Parcoursup a généré stress, angoisse, frustrations, incompréhension, et aussi des choix par défaut. Les premiers retours des formations sont arrivés le 30 mai. Sur 645 076 candidat·es lycéen·nes, soit une augmentation de 12 000 par rapport à l’an dernier, 417 845 (soit 64,8 %) ont reçu une ou plusieurs propositions d'admission et 96,6 % d’entre elles/eux ont confirmé au moins un vœu hors apprentissage. Mais au bout d’une semaine cette année, 2375 candidat·es avaient déjà quitté la plate-forme avant même d’avoir reçu une proposition d’admission.

 

Il faut ajouter à ces candidat·es, 169 000 étudiant·es en réorientation, 97 000 candidat·es à la reprise d’études et 34 500 lycéen·nes scolarisé·es à l’étranger. Au total, ce sont donc 945 500 candidat·es qui ont émis un vœu sur la plateforme contre 917 000 en 2023. Cet afflux s’explique par un “mini-baby-boom” des naissances en 2006 mais sans doute également par l’augmentation des formations proposées : 24 935 en 2024 (dont près de 11 000 en apprentissage) contre 23 108 en 2023 (dont plus de 9000 en apprentissage). On peut dès lors se demander si l’enseignement supérieur aura encore longtemps la capacité d’absorber l’afflux de nouvelles et nouveaux titulaires du baccalauréat1. Concernant les bénéficiaires d’une bourse, ils et elles ont été 5400 de plus qu’en 2023 à postuler sur la plate-forme mais leur part de vœux confirmés hors de leur académie est en diminution par rapport à 2023, témoignant ainsi de l'insuffisance des aides financières aux étudiant·es mais aussi de la difficulté de trouver un logement ou des cohabitant·es.

 

La phase complémentaire pour celles et ceux n’ayant reçu aucune réponse positive s’est ouverte le 11 juin et durera jusqu’au 12 septembre. Quel en est le bilan au 12 juillet ? 

 

Hors les candidat·es en reprise d’étude dont le ministère ne fournit pas les données, 90 % des lycéen·nes ayant candidaté ont obtenu une ou plusieurs propositions mais plus de 24 406 parmi eux/elles ont définitivement quitté la plate-forme. Quant aux étudiant·es en réorientation, si au 30 mai 48,5 % (82 238) avaient obtenu des propositions d’admission, au 12 juillet, 79,5 % d’entre elles et eux ont reçu une ou des propositions. Mais là encore, 7910 ont définitivement quitté la plate-forme. Pour les candidat·es scolarisé·es à l’étranger (34 454), seulement 41,5% ont obtenu des propositions et 2386 ont définitivement quitté la plate-forme.

 

Il y a donc près de 35 000 candidat·es en phase directe ou en réorientation qui, au 12 juillet, paraissent avoir abandonné l’idée de suivre des études supérieures… alors qu’ils et elles l’avaient envisagé. La question demeure : que deviennent ces lycéen·nes dont le système perd définitivement la trace ?

 

Le SNESUP-FSU continue à demander l’abrogation d’une plate-forme qui, non contente de réduire l’accès à l’université et à ses diplômes notamment pour les jeunes des classes les moins favorisées, d’accentuer la marchandisation de l’enseignement supérieur en mettant en avant des formations privées à travers un système de labellisation et d’accentuer la concurrence entre les établissements et les candidat.es, n’offre pas de solution à un nombre encore bien trop important de lycéens et de lycéennes. 

 

Pour le SNESUP-FSU, la multiplication des formations privées, la sélection et la gestion des flux ne sont pas des solutions. L’urgence est à créer les plus de 100 000 places manquantes pour permettre à toute et tout titulaire du baccalauréat qui le souhaite, d’accéder à l’enseignement supérieur dans la formation de son choix, et à recruter massivement des personnels titulaires pour améliorer leurs conditions de travail et les conditions d’études de toutes et tous les étudiant·es.

 

Le SNESUP-FSU défend un service public d’enseignement supérieur ouvert, accessible à toutes et tous et émancipateur, seul à même de contribuer aux transformations sociales nécessaires pour répondre aux défis qui sont devant nous.

 

 

1 Jérôme Teillard, chef de projet de Parcoursup, indique que la progression démographique des effectifs constatée depuis 2018, devrait se poursuivre jusqu’en 2028.

 

 

Paris, le 4 juillet 2024