Loi de financement de la Sécurité Sociale 2018 : vers de nouvelles dégradations de la protection sociale

Publié le : 06/12/2017

 

Loi de financement de la Sécurité Sociale 2018 :
vers de nouvelles dégradations de la protection sociale

 

La loi de financement 2018 répond à l’objectif du pouvoir et de ses mandants (MEDEF, actionnaires…) de faire porter la charge de la crise économique par ses victimes.

L’équation est simple : à rebours de la satisfaction des besoins sociaux – des malades ; de celles et ceux qui survivent au-dessous du seuil de pauvreté ; des privé·e·s d’emploi, … – cette loi n’a d’autre objectif que de « réduire les déficits des comptes sociaux ». Cela au nom de la prétendue responsabilité des déficits publics dans la crise économique dont les victimes sont la masse de celles et ceux qui perçoivent un revenu tout juste suffisant pour vivre, qui acceptent des conditions de travail indignes dans l’espoir de conserver leur travail, qui voient arriver la date au-delà de laquelle elles et ils tomberont dans l’assistanat, qui ne percevront qu’une retraite insuffisante pour vivre - tout particulièrement les femmes.

Dans un tel contexte, la lecture des principales mesures soulève l’indignation. Même l’aumône de la hausse du minimum vieillesse sera étalée sur trois ans. Pour le reste, ces mesures relèvent du cynisme :

  • L’Objectif National des Dépenses d’Assurances Maladie (ONDAM) est relevé de 2,3% (2,1% en 2017)… mais la hausse est estimée à 4,5 %

  • Nouvelles économies de santé (- 4,2 Mds €)… alors que notre système de soins se dégrade, que les déserts médicaux s’étendent, que les conditions de travail des personnels se détériorent

  • Développement à marche forcée de l’ambulatoire alors qu’aucun réseau fiable hôpital / médecine de ville n’existe à l’heure actuelle.

  • La promesse macronniène d’une prise en charge à 100 % des lunettes et prothèses auditives et dentaires d’ici 2022, si jamais elle se réalise, se fera par le biais des complémentaires dont les méthodes fortement inégalitaires relèvent d’une logique de marché concurrentiel

  • Quant à la plupart des fonctionnaires retraité·e·s, ce seront les grands perdants : « revalorisation » de 0,8 % qui couvre à peine la hausse des prix (au 1er octobre, soit un retard de de 10 mois… vers une perte d’une année entière !) / hausse de la CSG de 1,7 point (soit + 27 %) non compensée pour les retraité·e·s dont la pension dépasse 1394 € bruts…

Enfin, au-delà de ces mesures inégalitaires, se profile une remise en cause du principe même sur lequel avait été fondé notre système de Sécurité Sociale. Ainsi la hausse de la CSG compensée pour les salarié·e·s du privé par la suppression des cotisations Santé et Chômage s’inscrit dans un mouvement de transfert des sources de financement des cotisations sociales vers une étatisation de celles-ci. Avec à terme une gestion qui échapperait aux représentant·e·s des salarié·e·s, une Sécu n’assurant plus qu’une couverture minimale, le reste relevant des complémentaires dans une logique de plus en plus assurantielle.

Les très fortes mobilisations des retraité·e·s du 28 septembre (plus de 80 000) prouvent qu’elles et ils ne se laisseront pas faire. Est-ce pour cette raison que le gouvernement semblerait hésiter à engager rapidement une réforme globale du système de retraite ? Acceptons-en l’augure et restons mobilisé·e·s.

Jean-Marie CANU

 

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