Le 1er mai et après, nous ne lâcherons rien ! - Lettre Flash n° 54 du 28 avril 2022

Publié le : 28/04/2022
 
Emmanuel Macron vient d’être réélu pour un second mandat, non pas sur la base d’un programme qui aurait été plébiscité mais grâce aux voix qui se sont portées sur lui pour faire barrage à l’extrême droite. Le quinquennat qui s’achève a été celui de la remise en cause de l’accès de toutes et tous à l’enseignement supérieur, de la mise en lumière des difficultés de la recherche publique en France, de l’ampleur de la précarité dans l'enseignement supérieur et la recherche et de l’attaque frontale du statut général de la fonction publique. La remontée de quelques universités dans les classements internationaux ne fait pas illusion et n’a été obtenue qu’artificiellement à coups de fusions et de regroupements forcés dans le cadre d’établissements expérimentaux, aggravant encore les conditions de travail des enseignants et des enseignants chercheurs et instaurant une concurrence néfaste. Son projet de réforme des retraites, un temps remisé sous la pression des mobilisations massives et de l’opinion publique, ressurgit à peine le second tour de l’élection présidentielle terminé.
 
Même si, dans la campagne éclair, l’ESR n’a pas fait l’objet d’une grande publicité, nous connaissons les axes de son programme. Autonomie de gestion locale renforcée avec hyperprésidentialisation et dérives clientélistes potentielles associées, mise à mal de la collégialité et destruction de la démocratie universitaire, différenciation des établissements et renforcement des inégalités entre eux, développement des filières courtes professionnalisantes, accélération du calendrier de la LPR sont autant de points d’entrée clairs. D’autres pistes sont évoquées de manière allusive, mais tout aussi dangereuses : augmentation des frais d’inscription, remise en cause des statuts des enseignants-chercheurs, de leurs obligations de service et modulation de service au cours de la carrière…
 
Nous devons nous tenir prêt·es à faire avancer notre projet pour l’enseignement supérieur et la recherche et à obtenir des avancées pour les personnels et au service du bien commun.
 
Le président doit entendre la voix de la communauté, instaurer et garantir un véritable dialogue social qui ne soit pas un simple temps forcé et formel d’information, mais un véritable cadre d’écoute, de discussion et de négociation.
Pour répondre aux besoins de la société et aux attentes de la jeunesse en matière de formation, loin des réformes menées au pas de charge et contre l’avis des personnels, nous revendiquons dès maintenant un plan de création d’emplois de titulaires. Ce plan, à hauteur de 6000 postes par an durant 10 ans, est indispensable pour résorber la précarité, créer des places dans les filières en tension et encadrer décemment les étudiant·es à l’université.
Au-delà des promesses du candidat Macron, les salaires de tou·tes les enseignant·es et enseignant·es-chercheur·es doivent être augmentés via une hausse significative du point d’indice qui concerne l’ensemble des fonctionnaires et une revalorisation des grilles indiciaires pour prendre en compte, d’une part, les pertes importantes de pouvoir d’achat depuis 2010 ; et, d’autre part, pour reconnaître la qualification du doctorat et le déroulement de l’ensemble des carrières sur au moins deux grades.
Tous les chercheurs et les enseignants-chercheurs des établissements d’enseignement supérieur doivent avoir des conditions de travail sereines, les moyens de mener librement leur recherche et bénéficier des ressources et de l’environnement d’un laboratoire dont le financement et le fonctionnement démocratique doivent être assurés via des moyens pérennes.
Pour toutes les étudiantes et tous les étudiants, dans un premier temps, les bourses d’études sur critères sociaux doivent être relevées et étendues afin de tendre dans un second temps vers une indemnité d’étude universelle. Le droit à la poursuite d’études doit être effectif pour toutes et tous.