JOB DATING PLUTÔT QUE FORMATION UNIVERSITAIRE POUR LES ENSEIGNANT-ES, SAISON 2 - Communiqué FSU du 2 juin 2023

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Publié le : 02/06/2023

COMMUNIQUE DE PRESSE

Les Lilas, le 2 juin 2023

 

 

JOB DATING PLUTÔT QUE FORMATION UNIVERSITAIRE POUR LES ENSEIGNANT-ES, SAISON 2

 

Loin de l’embellie annoncée par le ministère, les premiers chiffres des admissibles aux concours de recrutement pour la session 2023 confirment partout l’enracinement de la crise de recrutement. Dans de nombreuses académies et disciplines, le nombre d’admissibles est égal voire inférieur au nombre de postes ouverts ! Dans le premier et le second degrés, il manquera des enseignant-es à la rentrée… Le “choc d’attractivité” promis par le ministre l’an dernier n’a manifestement pas eu lieu ! 

 

Quelle solution envisage-t-il alors ? La même qu’en 2022 : du job dating pour l’embauche massive de contractuel-les dans l’urgence. Tout adulte volontaire peut prétendre à enseigner, puisque pour apprendre à enseigner, il suffit d’utiliser les “modules construits pour les contractuel-les” sur un portail pédagogique (France 3 Ile-de-France, 22 mai 2023). Confier la responsabilité de classe(s) à des personnes non formées n’est pas un problème pour le chargé de mission interrogé : “pour ça [“incarner un cours”, “animer un face-à-face pédagogique”], il n’y a pas besoin d’aller à l’université” – une affirmation par la suite retranchée du reportage, la preuve sans doute de son énormité, significative du déni permanent de la complexité du métier. 

 

Les acteurs et actrices de la formation des enseignant-es, dans les universités et  les INSPÉ, qui sont des composantes universitaires, apprécieront la négation de leur profession, comme sans doute les candidat-es et lauréat-es qui ont étudié pour se préparer à enseigner. Le mépris des étudiants, des formateurs, des enseignants s’ajoute à la remise en cause des concours comme mode de recrutement principiel, à la fragilisation des statuts, à la déconsidération des métiers de l’enseignement et de la formation… ainsi qu’à la dévalorisation de l’université comme institution de formation autorisant l’accès à un travail collectif nourri par la recherche, des échanges avec des enseignant-es expérimenté-es et les pairs pour penser et analyser sa pratique professionnelle – en fait l'inverse du biberonnage de quelques modules de formation applicationnistes en ligne pendant trois jours… 

Si, comme l’affirment les ministères (de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la recherche), l’attractivité est un enjeu majeur, le recours à des expédients (job dating) et au dénigrement de l’université ne sauraient constituer des réponses adéquates.

Enseigner est un métier exigeant et complexe : un métier qui s’apprend dans le cadre d’une formation universitaire et professionnelle. 

Pour le SNESUP-FSU l’attractivité du métier passe par l’amélioration des conditions d’étude et d’entrée dans le métier. D'autres mesures urgentes sont également nécessaires : 

· le financement des études pour les étudiant-es en master MEEF et des prérecrutements sans contrepartie de service ;

· l’attribution de moyens humains et financiers pérennes pour assurer la formation initiale et continue, afin qu’elle ne se réduise pas à l’“accompagnement” à l’entrée dans le métier ;

· des stages articulés aux besoins de la formation ; 

· une programmation pluriannuelle des postes aux concours à la hauteur des besoins ;

· la mise en place d’une formation solide pour les contractuel-les.