Concertation pour une « meilleure » professionnalisation ?

Publié le : 14/12/2018

 

F. Vidal a lancé, jeudi 18 octobre 2018, la concertation sur le développement et la modernisation des filières courtes professionnalisantes dans l’enseignement supérieur. Cette concertation est copilotée par François Germinet, président de la commission de la formation et insertion professionnelle de la CPU, et par Rodolphe Dalle, président de l’Adiut.

Prenant prétexte que les bacheliers généraux sont nombreux à s’engager dans des études dites courtes, avec le projet de poursuivre au-delà de bac+2 ou de bac+3 (stratégie de « contournement » de la licence), qu’il faudrait permettre l’émergence de formations nouvelles qui répondraient, partout, aux besoins des territoires dont elles favoriseraient le développement, et qu’il manquerait des techniciens pour occuper des postes de professions intermédiaires (aucune donnée ni quantitative ni qualitative n’est fournie), le ministère
entend transformer profondément le premier cycle universitaire en le marquant du sceau de la professionnalisation. Force est cependant de constater que cette énième concertation sociale, conduite au pas de charge (sept demi-journées de réunions en un mois), pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

Comment accueillir les bacheliers professionnels et technologiques dans l’enseignement supérieur dans des conditions leur permettant de réussir une insertion professionnelle au bout de deux et/ou trois ans et/ou une poursuite des études ? Quel devenir pour la licence générale et la licence professionnelle ? Que pourrait être la déclinaison du nouvel
arrêté licence en matière de professionnalisation
, dont l’article 7 prévoit que « les formations ainsi que les UE qui les composent peuvent présenter, à des degrés divers, une dimension plus professionnalisante » ? Cette question, centrale, n’est sciemment pas abordée par la concertation !

La concertation aborde aussi le projet de DUT en 180 ECTS qui ne semble plus être soutenu que par l’Adiut, cette dernière ne souhaitant pas une sortie diplômante à 120 ECTS. Le SNESUP-FSU défend la création d’une licence universitaire de technologie à double finalité d’insertion professionnelle et de poursuites d’études, comportant un palier diplômant à bac+2. Ce mandat mérite d’être redéfini dans le cadre légal actuel. La réussite pour tous en premier cycle universitaire passe par des filières qui laissent aux étudiants, et particulièrement à ceux des catégories sociales défavorisées, une possibilité significative d’évoluer au-delà d’un niveau présupposé.

Les établissements mettent en place des groupes de travail pour la mise en oeuvre du nouvel arrêté licence : nouvelles MCCC (modalités de contrôle des connaissances et des compétences), blocs de compétences et professionnalisation. Comment, dans un temps si court, la concertation pourrait-elle proposer des évolutions réglementaires pour une « meilleure » professionnalisation ?

Sauf si elles sont en dehors de l’Université…

 

La réussite pour tous passe par des filières qui laissent aux étudiants une possibilité d’évoluer au-delà d’un niveau présupposé.

 

Chantelot Pierre, Secrétaire National.