Article M Brissaud

Publié le 8 décembre 2003



Retraites


Les décrets seront-ils plus scélérats que la loi ?


Comme prévu le ministère de la Fonction Publique réécrit les décrets du code des pensions (plus de 190 articles au total sont en chantier).
Les projets aggravent très sensiblement l’attribution des bonifications pour enfant aux mères de famille. Pour les enfants nés ou adoptés après 2004 la suppression est maintenue, un congé parental, un congé de présence parentale, une disponibilité, un temps partiel seront pris en compte pour réduire éventuellement la décote, (en absence de congé ou de temps partiel 6 mois sont accordés). On ne sait pas avec certitude si ces diverses durées comptent ou non dans le calcul de liquidation de la pension. Pour les enfants nés, adoptés ou à charge avant 2004, en l’état actuel des textes il faudrait que la mère, soit déjà recrutée sur un emploi comme stagiaire puis titulaire, (selon le statut général de 1984). Seraient exclues celles qui étaient non titulaires, salariées du privé, et étudiantes sauf condition difficilement gérable. La discussion reste excessivement rude sur ce dossier.
La clause fixant l’application des textes sur bonifications pour enfant au 28 mai 2003 (date votée par le Parlement) est tombée à l’eau car aucun des décrets d’application n’étaient rédigés avant l’existence de la loi, bien évidemment !)
Pour l’instant le ministère déclare ne pas toucher aux bonifications hors Europe.
Pour la validation des services comme non titulaires, le ministère déclare ne pas vouloir supprimer les validations actuellement possibles, mais refuse de discuter de nouvelles validations (temps incomplet, catégories exclues, etc). Les conditions sont durcies (délais, impossibilité de refaire une demande).
Pour le rachat des années d’études, le texte rédigé montre des conditions d’un coût exorbitant. Voici un résumé qui donne une idée des calculs du ministère :
Un maître de conférences de 30 ans devrait verser cash 4122 euros pour obtenir une majoration de pension de 17 euros par mois, à 40 ans ce serait 7583 euros, à 59 ans : 13773 euros.Qui à ce tarif rachètera les 12 trimestres annoncés dans la loi ? (à 40 ans il faudrait verser cash 90 996 euros soit plus de 59 millions d’anciens francs). Et si vous ne versez pas dans l’année la somme sera majorée des intérêts calculés….. sur le barème de la BANQUE CENTRALE EUROPENNE. (sic).
Pour la CPA (décalée dans le temps et moins rémunérée) et le temps partiel, des conditions drastiques sont imposées. Il n’est pas répondu à la question sur ce que sera la pension qui sera versée aux collègues qui sont en cours de CPA. Il serait fait un texte sur le coût du rachat à temps plein du temps partiel fait à partir de 2004 (sera-t-il le même que pour les études ?)

Depuis septembre la FSU multiplie ses démarches. Les services de la Fonction Publique diffèrent sans cesse des réunions prévues. Avec la FSU, le SNESUP participe journellement à ce travail pour décortiquer les textes diffusés avec retard par le ministère et préparer les réponses et nos protestations.
Ces jours-ci un Mémoire reprenant l’ensemble de nos revendications sur les décrets inacceptables a été transmis aux ministères concernés et aux groupes parlementaires pour dénoncer les projets et exiger que les personnels soient écoutés.
Tous les textes définitifs doivent sortir au 31 décembre 2003. Il ne faut pas baisser les bras et intervenir à tous les niveaux.


La MGEN rompt les principes de solidarité


Le 4 juillet l’assemblée générale de la MGEN a pris des décisions que nous avons condamnées pour l’orientation exécrable dont elles témoignaient. La cotisation passe de 2,5% à 2,6% (nous savons la pression faite sur les mutuelles suite aux décisions gouvernementales saccageant la sécurité sociale). Mais pour les retraité(e)s, et beaucoup sont des adhérents fidèles depuis plusieurs décennies, la cotisation passe de 2,5 à 2,75, puis 2,9% soit une majoration non pas de 4% mais de 16%. Pour les conjoints sans ressources la majoration passe à 65 et même à 85% pour les retraités.

Aucun des arguments développés devant le congrès n’est valable. Le passage à la retraite représente pour chacun une baisse sensible de ses ressources. Faut-il donc creuser un peu plus les écarts ? La MGEN n’a-t-elle pas mis un pas dans la campagne visant les personnes âgées : ruineuses pour le pays, ruineuses pour le budget, ruineuses pour le système de santé, et la sécurité sociale, discours cher à Raffarin et à ses soutiers. Oui les mutuelles sont au bord de difficultés. Mais elles ne se sauveront pas par de telles mesures. Bien au contraire.
Le SNESUP appelle à l’existence d’un nouveau partenariat : Sécurité Sociale, Mutuelles et syndicats pour exiger une autre politique de santé. Pour sauver les mutuelles, l’issue n’est-elle pas de sauver la Sécurité Sociale et l’ensemble du système de soins particulièrement maltraités.
De très nombreux collègues de tous les secteurs écrivent au président, à leurs délégations départementales, aux syndicats pour dire leur fort mécontentement. Nous pensons qu’ils ont raison.


MARCEL BRISSAUD
18 novembre 2003