Art 05 le TCE fait débat
Projet de Constitution européenne :
dans la communauté universitaire, comme dans le pays, un débat
profond et engagé.
La prise de position nette du SNESUP pour le rejet du TCE, pour le
NON au référendum, l’engagement de nombreux syndiqués
dans ce sens ont alimenté un débat sur des questions
de fond. L’Appel des Universitaires et des Chercheurs a recueilli un large
soutien : 800 signatures publiquement affichées, c’est un fait
d’importance qui traduit bien une approche nouvelle ouverte sur les questions
européennes. Dans les catégories intellectuelles ou diplômées,
à la différence de Maastricht, en 1992, le NON est largement soutenu.
En même temps, même s’ils l’ont moins affirmé,
des collègues, des syndiqués sont convaincus du vote OUI au projet
constitutionnel. Vingt et un syndiqués ont fait part à
la direction nationale de leur conviction en ce sens, de leurs critiques
des prises de position pour le NON , notamment à la réception
de l’Appel. Même s’ils sont parfois vifs sur les arguments,
ces messages témoignent du respect des interlocuteurs et doivent être
écoutés. Ils posent des questions importantes, que dégagent
les extraits ci-dessous.
En regard de ces critiques, les 800 signataires ont
également envoyé d’importantes contributions favorables
à l’engagement du SNESUP, parmi celles-ci, deux extraits partiels
et les réponses de Lise Dumasy.
Quelle
que soit l’issue du vote, nous devons continuer ces échanges sur
la construction européenne, sur l’espace européen de recherche
et d’enseignement supérieur. Ce débat se situe dans le
respect des réflexions de chacun(e),t des décisions du Congrès
et de la nécessité de rassembler toutes nos forces, dans l’action
des jours et semaines à venir .
Sur la prise de position du SNESUP en faveur du NON : Je n'ai pas été consulté et je n'ai mandaté personne au congrès pour prendre position en faveur du Non au Traité constitutionnel. Je suis pour le Oui et je ne vois pas ce qui autorise mon syndicat à faire ainsi de la propagande pour le Non. (Paris) Je suis pour ma part en désaccord avec ce "non" inconsistant, qui ne tient absolument pas compte du contexte réel dans lequel nous nous trouvons en France et en Europe. L'utopie a ses charmes et ses vertus, mais pourquoi notre syndicat prend-il la responsabilité de s'opposer à un projet soutenu par l'immense majorité des syndicats européens? (Paris 8). J'en ai assez du matraquage SNESUP en faveur du NON, position que je ne partage pas et qui m'éloigne un peu plus de ce syndicat dans lequel je me reconnais de moins en moins.. (Besançon ) Je suis adhérent et élu de SNESUP.Je n'approuve pas du tout la prise de position de SNESUP sur un projet politique qui divise la société. ….Personnellement je voterai OUI. Je crains pour SNESUP que cette position puisse conduire à un désengagement (dommage !) de certains entre nous. Bien cordialement (Marne la Vallée). Parce que je suis favorable à la construction européenne, je voterais OUI au projet de traité. Je trouve que le positionnement du NON de l'organisation syndicale est déplacé, je considère que cela n'entre pas dans les missions du syndicat. (Toulouse IUFM) Reims : une critique Et une réponse :je crois que tu retardes quelque peu sur la question de la "courroie de transmission", puisque des partisans du "non" se retrouvent en nombre non négligeable dans tous les partis politiques.(en réponse, de Reims également). Sur le débat dans le syndicat : Le Traité Constitutionnel et les luttes pour l’enseignement
supérieur et la recherche : Contre Nice et Bolkestein, le TCE… Très troublé que le SNESUP appelle à voter Non au
TCE [….] je ressens le besoin de prendre un peu de recul par rapport
au SNESUP et je ne règlerai donc pas ma cotisation 2005. La position du SNESUP largement partagée…. Et après le 29 mai ?
|
L'appel d'universitaires et de chercheurs pour le NON au referendum sur le TCE a suscité de nombreuses réactions chez les collègues – syndiqués et non syndiqués – auxquels il a été envoyé. La plupart de ces réactions sont globalement positives comme en attestent les quelque 800 signatures déjà collectées. Des collègues nous ont envoyé d'intéressantes analyses ou se sont plaint de la perspective étroitement universitaire de notre appel.
Il ne s'agit pas non plus, bien évidemment, d'un refus de la construction européenne, mais d'un acte préliminaire à la construction d'une autre Europe reposant sur les principes de solidarité et non de concurrence entre les peuples. On veut nous faire croire que c’est impossible, que la construction de l’Europe serait stoppée par le rejet d’un texte qui ne souffrirait aucune retouche. Cela seul devrait nous alerter. S’il était vraiment impossible de faire un autre traité que celui-là, cela reviendrait à dire que notre liberté de citoyen n’a plus de sens.
L'argument que nous trouvons le plus souvent évoqué est que ce n'est pas le rôle d'un syndicat que de prendre des positions "politiques". Nous pensons différemment. Nous croyons que le rôle d'un syndicat de l'enseignement supérieur est bien de se prononcer sur des politiques publiques qui déterminent, dans un sens ou dans un autre, l'évolution de l'enseignement supérieur et de la recherche, et de manière générale les services publics. L'actuel projet de TCE (on pourrait en imaginer de tout autres) emporte des conséquences suffisamment inquiétantes pour les dits services publics – y compris celui de l'enseignement supérieur et de la recherche – pour qu'un syndicat de l'enseignement supérieur s'en soucie. Cela justifie tout à fait à nos yeux une prise de position claire. C’est le TCE en effet et non son rejet qui risque de graver dans le marbre les politiques ultra libérales des traités antérieurs et même de les aggraver.
Que cette position ne corresponde pas à celle de tous les syndiqués, qu'il continue à y avoir débat au sein du syndicat, comme au sein de la communauté universitaire et du pays, cela est bien normal et ne saurait étonner sur un sujet aussi brûlant et aussi controversé. Ce débat doit bien entendu se développer librement. L'appel actuel ne l'empêche nullement.
Chacun de ceux qui ont signé l'a fait en son nom propre, et en
sa qualité d'universitaire et de chercheur – même si,
à l'évidence, celle-ci n'exclut nullement un engagement
syndical. Les collègues qui ne souhaitent ni signer, ni diffuser
cet appel sont bien libres de le faire (ils ne s'en sont certainement
pas privés), et nul ne sera excommunié.
Quelle que soit notre analyse, que le oui ou le non l'emporte, il faudra rester mobilisé contre les dérives ultra-libérales de la France et de l'Europe, dont les actuels projets de Fillon portent la marque. Nous comptons bien pour cela sur l'engagement et les forces de tous les syndiqués. Lise Dumasy |