Écoles supérieures du professorat et de l'éducation : une réforme bâclée, des personnels malmenés
Écoles supérieures du professorat et de l'éducation : une réforme bâclée, des personnels malmenés
Rompre avec la destruction de la formation des enseignants mise en œuvre pendant le mandat Sarkozy était une nécessité. Mais, par souci de communication politique, pour annoncer « du neuf » dès la rentrée 2013, le gouvernement a voulu aller trop vite et a laissé le ministère de l'Éducation nationale (MEN), mener « en solo » une réforme de la formation des enseignants en écartant de son élaboration les formateurs universitaires des ÉSPÉ et des UFR.
Soulignons que les discussions préparatoires à la rédaction du volet ÉSPÉ de la loi « Refondation » n'ont jamais impliqué le SNESUP, pourtant principal syndicat des personnels des IUFM.
Les multiples alertes sur cette précipitation ont été ignorées : cadrage de formation imposé par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, nouveaux concours définis sans discussion avec les établissements d'enseignement supérieur, confection de maquettes dans l'urgence (en juin et juillet) comportant un stage en responsabilité à mi-temps en M2 sans cadrage législatif, amputant les temps de formation des étudiants. De réforme en réforme, entre 2002 et 2013, ceux-ci ont perdu l'équivalent d'un an de formation.
Promulgués trop tardivement pour assurer une rentrée dans de bonnes conditions, la loi et ses décrets ont placé les étudiants et les équipes de formateurs dans le flou le plus complet. Nombreux sont les personnels des IUFM qui n'ont pas de service d'enseignement cohérent puisque certains se retrouvent en « sous-service » quand d'autres sont en « sur-service ». L'afflux important de nouveaux candidats aux concours exige que les ÉSPÉ retrouvent les moyens qui étaient ceux des IUFM, avant qu'ils ne soient en partie redistribués dans des universités en difficulté budgétaire croissante depuis le passage aux « Responsabilités et compétences élargies » (RCE).
Nous sommes encore loin d'une véritable école universitaire permettant de développer une culture professionnelle commune des enseignants. Au contraire, les formateurs sont aujourd'hui confrontés à une « refondation » de la formation des enseignants qui risque de réduire les ÉSPÉ à des « services communs » universitaires, bien pauvres en personnels, évinçant une grande partie des personnels des ex-IUFM.
L'accroissement du poids accordé au MEN et aux recteurs dans la formation des enseignants a pu donner lieu à des instructions inconsidérées ou à des « petits arrangements », au nom de la mobilité, qui portent atteinte aux droits des personnels. Le SNEP et le SNESUP entendent faire respecter les règles et le statut des personnels : affectés dans un IUFM, et donc dans une université, ils y demeurent au moment de la création de l'ÉSPÉ, la loi prévoyant qu'ils peuvent choisir de ne pas effectuer leur service dans l'ÉSPÉ. Dans ce dernier cas, ils pourront opter pour une autre composante de l'université ou réintégrer l'enseignement scolaire, en participant au mouvement de mutation.
Le SNEP et le SNESUP seront d'une grande vigilance, aux côtés des personnels, pour faire valoir leurs droits et ne pas laisser casser les équipes pluri-catégorielles de formateurs.
Dans toutes les académies, en lien avec la FSU, nos organisations interpelleront les recteurs et les présidents d'universités sur les difficultés de cette rentrée, les problèmes rencontrés par les collègues des ex-IUFM et organiseront des rassemblements des personnels et étudiants à cette occasion.
Paris, le 16 septembre 2013