Motions CNESER du 15 mars 2010

Publié le : 17/03/2010


Utilisation d'étudiants pour effectuer des remplacements dans l'Education nationale : le CNESER dénonce le bricolage inacceptable de Luc Chatel !

Mardi 9 mars dernier, Luc Chatel a déclaré souhaiter que chaque académie se dote, en plus des remplaçants titulaires, d'"un vivier de remplaçants qui pourra être composé soit de jeunes retraités de l'éducation nationale ou d'étudiants en cours de formation ou juste diplômés qui pourront subvenir à des besoins urgents". Confronté aux conséquences de sa politique éducative reposant sur des suppressions massives de postes (40 000 depuis 2007), le gouvernement envisage de répondre aux inquiétudes des parents et des élèves en ayant recours à des retraités ou des étudiants pour effectuer des remplacements dans le primaire et le secondaire. Le CNESER dénonce des propositions choquantes et inadaptées aux besoins du système éducatif.

Le CNESER dénonce l'exploitation programmée d'étudiants pour pallier aux difficultés des établissements scolaires. Les élèves ont besoin d'enseignants formés à leur métier, les familles d'avoir toutes les garanties sur les conditions d'encadrement, et les étudiants ont besoin de dispositifs financiers renforcés pour se consacrer à temps plein à leur formation dans de bonnes conditions. Ils ne doivent pas être détourné des apprentissages universitaires (CM, TD, TP, séminaires,...) essentiels à leurs formations et irremplaçables. Cette proposition intolérable ne répond à aucune de ces attentes !

Cette proposition intervient dans le contexte de la mise en œuvre à marche forcée de la réforme de la formation des enseignants, que la communauté universitaire dénonce. Le gouvernement réduit à portion congrue la formation professionnelle aux métiers de l'enseignement, en la limitant à quelques heures de mise en situation par le biais de stages sous-encadrés ou à des stages en pleine responsabilité où les jeunes constituent de réels moyens de remplacement. C'est en intégrant de réels stages conçus comme un véritable temps d'apprentissage couplé à des enseignements théoriques que les futurs enseignants seront formés efficacement à la diversité de leurs missions, pas en les mettant quelques heures en remplacement face à une classe sans préparation, ni suivi. Quant à l'idée de faire faire quelques heures de remplacement à de jeunes diplômés, elle est proprement scandaleuse : le Ministère de l'Education nationale doit ouvrir des postes aux concours et les recruter de manière stable. Il est inacceptable de généraliser la précarité de l'emploi des jeunes en transformant certains d'entre eux en vivier de précaires corvéables à merci, en particulier ceux titulaires des futurs masters enseignement.

Le CNESER demande au gouvernement d'autres choix en matière de politique éducative et notamment :

  • l'arrêt des suppressions de postes dans l'éducation et la mise en place d'un plan pluriannuel de recrutements pour faire face aux besoins du service public ;
  •  le retrait des décrets et textes d'application déjà publiés concernant la réforme de la formation des enseignants et l'ouverture de réelles négociations pour la mise en place d'une autre réforme. Parce qu'enseigner est un métier qui s'apprend, il convient en particulier de revenir sur plusieurs questions fondamentales : des masters garantissant une véritable formation tant disciplinaire que professionnelle, des stages intégrés aux cursus, la place des concours et le contenu des épreuves, le rôle des IUFM et l'accompagnement social des étudiants.
  • dans le prolongement de l'année de transition, la révision du calendrier des concours de la session 2011 (septembre et novembre 2010) ;

Motion adoptée par le CNESER du 15/03/2010 (20 oui, 3 non, 1 blanc)

Motion sur les modalités d'examens dans les universités

Suite à la tenue des examens du premier semestre, le CNESER souhaite faire part de ses inquiétudes quant aux inégalités qui persistent entre les universités dans le traitement des examens. L'ouverture de discussions annoncées en novembre 2007 aurait pu aboutir, sur la base d'un recensement et d'une analyse des pratiques, à la mise en place des dispositifs pédagogiques adaptés permettant une meilleure réussite des étudiants et, par suite, à une réglementation nationale améliorée des examens, réduisant les inégalités entre établissements.

La situation n'est acceptable ni pour les étudiants, ni pour les enseignants, ni pour les personnels administratifs. Tout d'abord, de trop nombreuses universités mettent en place des pratiques illégales en contradiction avec les arrêtés licence et master, 11 de ces universités ont notamment supprimé la seconde session d'examens, l'absence de création de postes d'enseignants chercheurs ne permet pas de mettre en œuvre des méthodes pédagogiques et évaluations variées prenant en compte la diversité des profils d'étudiants pour améliorer leur réussite. Enfin, la lourdeur de l'organisation des examens et de la gestion des notes sur Apogée repose essentiellement sur un personnel administratif en nombre insuffisant.
Le CNESER condamne les pratiques illégales des universités en matière d'organisation d'examens. Loin d'être un débat technique, les modalités d'examens et l'et l'organisation de ceux-ci sont le résultat de véritables choix pédagogiques. La suppression de seconde session, l'absence d'enseignements de soutien entre deux sessions, ou encore la mise en place de note éliminatoire sont autant de dispositifs pouvant contribuer à instaurer une véritable sélection par l'échec dans les universités. Ces pratiques sont donc clairement incompatibles avec l'objectif fixé de 50% d'une classe d'âge diplômée de licence. En effet l'organisation et la nature des examens conditionnent la réussite des étudiants et donc la nécessaire démocratisation de l'enseignement supérieur.

Le CNESER demande sur cette question:

  • à la ministre d'intervenir afin que toutes les universités rentrent dans la légalité.
  • d'ouvrir des discussions à partir de bilans (effectués par les comités de suivi licence et master) pour aboutir à des règles d'examens qui garantissent les mêmes droits pour tous les étudiants et permettent la juste réussite d'un plus grand d'étudiants aux profils diversifiés.
  • que les emplois publics nécessaires à une telle évaluation des étudiants soient créés.


Motion adoptée par le CNESER du 15/03/2010 (16 oui, 4 blancs, 3 non)