Résolution votée par la CA du 2 juillet 2015

Publié le : 26/10/2015

Note préliminaire

Le texte général ci-après, International, Europe, Grèce, voté par la Commission administrative (CA) le 2 juillet 2015, vient en complément à des textes préexistants centrés sur l'Enseignement supérieur et la recherche (ESR) en Europe ou dans le monde, dont notamment :
- Fukushima. Sortir du piège actuel de la seule alternative entre énergies nucléaires et énergies productrices de C02. La catastrophe de Fukushima rappelle l'urgence d'une autre politique de la recherche, mais aussi de l'enseignement. Motion votée par le congrès du SNESUP-FSU, Nanterre, 8 avril 2011. Presse-et-documentation?aid=5698&ptid=5&cid=3832
- 8e PCRD. Pour une autre recherche en Europe. Déclaration du bureau national du SNESUP-FSU, 9 septembre 2011. Presse-et-documentation?aid=5846&ptid=5&cid=3765
- Une résolution rédigée par le SNESUP, adoptée par le congrès du Comité syndical européen de l'éducation (CSEE) de 2012. Presse-et-documentation?aid=6521&ptid=5&cid=3765

 

 

International, Europe, Grèce

 

Résolution de la Commission administrative du SNESUP-FSU

2 juillet 2015

 

Situation internationale

Selon les données des organisations onusiennes, environ huit cent millions d'êtres humains souffrent de sous-alimentation1. Près de 60 millions d'enfants en âge de fréquenter l'école primaire ne sont pas scolarisés : après une baisse rapide de 100 millions en l'an 2000 à 60 millions en 20072, ce chiffre s'est stabilisé à un niveau qui reste inacceptable. Pour des centaines de millions d'autres enfants, l'école souffre d'un déficit criant d'enseignants et de moyens matériels. Un chômage massif - encore aggravé depuis la crise financière de 2007/2008 - et une dégradation des services publics sont consubstantiels aux politiques capitalistes néolibérales et au dit « libre échange » qui se développent à l'échelle internationale, notamment depuis le début des années 1980. Dans le même temps, une part étroite de la population humaine, s'appuyant sur les entreprises transnationales et les institutions bancaires et financières privées, s'est accaparé des privilèges démesurés de richesse matérielle et de pouvoirs.

Certains États exercent sur d'autres États et leur population des ingérences et des dominations brutales, y compris sous forme militaire et par la guerre. Si les États-Unis sont ici en première ligne, les pays européens et en particulier la France ne sont pas en reste. Dans la continuité de l'époque coloniale, les pays les plus puissants entretiennent des déséquilibres au service de la défense cynique de leurs propres intérêts et de ceux d'entreprises transnationales.

Le SNESUP dénonce la responsabilité de la politique de la France, de l'UE et plus largement des pays les plus puissants dans la dégradation extrême des conditions de vie et l'insécurité physique qui frappent des populations poussées à fuir leur pays, y compris au péril de leur vie. Le SNESUP appelle à la mise en place d'un plan européen et international visant à ce que tout être humain ait les moyens de vivre dans son pays d'origine, à assurer la sécurité physique de tout migrant, et à offrir un accueil à toute personne poussée à fuir son pays, à tout-e réfugié-e.

L'humanité est en outre confrontée à des problèmes majeurs et largement inédits de dimension planétaire, notamment environnementaux (changement climatique, réduction de la biodiversité...), éthiques (projets de trans-humanisme, voire de post-humanisme, effacement des protections de la vie privée,...) et démocratiques (surveillance et influence des sociétés humaines via une instrumentalisation d'Internet et des Big Data, pouvoir des entreprises multinationales qui tendent à supplanter les États,...).

La résolution de ces problèmes et la suppression de la pauvreté exigent une mobilisation solidaire de l'ensemble de l'humanité, reposant sur la confiance et l'égalité entre les nations sans domination des unes sur les autres. Sont en particulier indispensables des coopérations internationales et la mutualisation des savoirs, des technologies et des techniques, mais aussi une organisation des échanges commerciaux internationaux basée sur des objectifs sociaux et environnementaux. Dans l'immédiat, la CA du SNESUP-FSU appelle à se mobiliser en vue de la conférence de Paris sur le climat, dite COP21 (fin 2015), ainsi que contre les traités de « libre échanges », dont le Traité transatlantique sur le commerce et les investissements (TTCI ou, signe anglais, TAFTA)

Biens communs, enseignement, recherche

Les biens communs ont un rôle central à jouer, en particulier l'éducation, l'accès au savoir et la production de celui-ci. Le SNESUP-FSU demande :

- La mise en place d'un fonds international public et conséquent, destiné à contribuer au financement des biens communs dans les pays à moyens ou bas revenus, notamment alimenté par des taxes internationales sur le commerce des armes, les transactions financières, les émissions de gaz à effet de serre, l'énergie nucléaire...

- Un développement de la recherche réparti de façon équilibrée entre toutes les nations, dans le respect de la diversité culturelle et des principes démocratiques, et bénéficiant pour les pays à moyens ou bas revenus de financements du fonds public revendiqué ci-dessus.

- La mise en place de coopérations scientifiques internationales à la hauteur des enjeux internationaux. Coopérations nourries du potentiel et de la diversité de l'ensemble des nations, dans le respect des spécificités nationales, et coopération non freinées ou entravées par une conception marchande, concurrentielle et de court terme de la recherche. Coopérations visant le développement de technologies, d'activités et de comportements de plus en plus respectueux de l'environnement. Et enfin coopérations contribuant à un accès de tous les humains aux droits sociaux fondamentaux (éducation de qualité, logement décent, santé, alimentation, eau potable, emploi...).

- La protection des libertés académiques, le respect du fonctionnement démocratique et collégial des institutions de recherche et d'enseignement supérieur et la mise à disposition des moyens financiers et humains nécessaires au développement des différentes formes de recherche, de la recherche fondamentale dans tous les champs de la connaissance, et de la recherche tournée vers l'analyse de la société, la prospection, la conception et l'accompagnement de démarches de changements sociétaux.

- Un accès généralisé à une éducation publique et gratuite de qualité pour toutes et pour tous (scolarisation de tous les enfants, baisse du nombre d'élèves par classe, formation des enseignants, matériel pédagogique, développement de l'enseignement supérieur, etc.) et,  dans le respect de la diversité culturelle et des principes démocratiques, bénéficiant pour les pays à moyens ou bas revenus de financements du fonds public revendiqué ci-dessus.

- Une politique d'élimination des inégalités de genre, particulièrement importantes dans les métiers de la recherche et de l'enseignement supérieur, notamment en ce qui concerne l'accès aux postes de professeurs et aux fonctions de direction.

Le SNESUP portera ces objectifs et celui d'une mobilisation générale et solidaire de l'humanité dans ses différents lieux d'intervention internationale. Il œuvrera au développement de campagnes, actions et mobilisations internationales en ce sens, avec les organisations syndicales nationales, européennes ou internationales et avec des Organisations non gouvernementales (ONG) dont la FMTS.

Dominations et conflits

En particulier, dans l'actualité récente :

  • Le SNESUP condamne les objectifs et la violence de la politique du gouvernement israélien faisant de la zone de Gaza une prison à ciel ouvert, développant la colonisation de la Palestine et visant à rendre impossible la construction effective d'un État palestinien. Il soutient les actions et les coopérations scientifiques favorisant la paix et la solidarité entre Israël et la Palestine. Cependant, il appelle au boycott commercial d'Israël et au boycott ciblé de toute coopération scientifique avec Israël liée à l'armement et au contrôle des populations. L'UE doit suspendre l'accord d'association entre celle-ci et Israël et exercer une pression effective maximale sur le gouvernement israélien pour stopper sa politique coloniale et de discrimination, et faire lever le blocus de Gaza. Le TPI doit mener une enquête complète sur les crimes de guerre perpétrés à Gaza et condamner les responsables. Le SNESUP réaffirme son soutien à la solution de deux États. Il salue l'action des forces progressistes et pacifistes en Israël et en Palestine. Il souligne son attachement à voir la sécurité des deux peuples, israélien et palestinien garantie par un accord de paix global respectant les résolutions de l'ONU.
  • Le SNESUP dénonce l'affrontement entre la Russie d'un côté et les États-Unis et l'Union Européenne de l'autre qui constitue une des causes du conflit ukrainien. Chacun, visant l'intégration de l'Ukraine dans son giron économique et militaire (dès 1994 l'OTAN a engagé avec le gouvernement Ukraine un processus de collaboration vers une intégration), a aiguisé et aiguise les tensions internes ukrainiennes, au détriment des populations. L'avenir doit appartenir à celles-ci et reposer sur une solution politique entre toutes les parties prenantes, impliquant le retrait de toutes les forces armées étrangères. Le SNESUP rappelle qu'il demande que la France se retire du commandement intégré de l'OTAN, organisation dont il appelle à la dissolution.
  • Le SNESUP condamne la politique industrielle de la France donnant une large part à l'armement et au commerce des armes, qu'elle livre y compris à des États oppresseurs et obscurantistes, notamment vis-à-vis des femmes, et qui entretiennent en sous-main des entreprises terroristes.

L'implication directe de grandes puissances, les souffrances, la crise humanitaire, le chaos économique et politique engendrant le désespoir sont des éléments communs à l'Irak, la Libye (totalement délabrés après les interventions militaires occidentales), la Syrie... Les grandes puissances, en particulier les États-Unis et leurs alliés portent une lourde responsabilité dans l'embrasement de cette partie du monde, de par l'histoire coloniale et néocoloniale, par leur prétention de décider du destin des peuples, y compris par le soutien donné à des dictatures opprimant leurs peuples, parfois de façon sanguinaire, au motif réel de s'accaparer les ressources, notamment énergétiques.
Le SNESUP condamne les massacres de populations commis par les groupes et organisations tels que Boko-Haram, Daech, Al-Qaïda..., ainsi que les destructions de sites historiques inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Il salue la résistance des forces démocratiques en Syrie, et en particulier celle des populations kurdes et palestiniennes, contre la dictature de Bachar el-Assad et Daech.

Que ce soit en Irak ou en Libye, en Égypte ou en Tunisie... les populations auraient dû et devraient recevoir les moyens d'un développement économique et social, et toute l'aide humanitaire requise quand la tragédie les frappe. Il n'en a rien été, que ce soit après la guerre d'Irak ou lors des révolutions arabes, et il n'en est toujours rien. Tout au contraire, dès que possible les grandes puissances instrumentalisent les situations au bénéfice de leurs entreprises transnationales.

Europe, Grèce.

Le SNESUP-FSU condamne avec fermeté l'orientation néolibérale prise dans la construction de l'Union européenne. Il pointe la responsabilité des chefs d'états et des gouvernements français successifs dans cette orientation, y compris en ce qui concerne l'ESR (Horizon 2020, processus de Bologne...). Il dénonce la lourde responsabilité du Président de la république et du gouvernement actuels au sein du Conseil européen3, du Conseil de l'UE4 et de l'Eurogroupe dans la poursuite obstinée de l'austérité et des politiques de démantèlement des services publics, et dans l'imposition de celles-ci à la Grèce jusqu'à provoquer et entretenir une crise sociale et humanitaire. Il leur demande de prendre publiquement position et d'œuvrer à la construction d'un rapport de force en Europe en faveur :

  • d'une annulation de la part « illégitime ou illégale ou odieuse ou insoutenable »5 des dettes publiques nationales et en particulier de la dette grecque, de la restructuration de la partie restante et du respect des orientations décidées démocratiquement le 25 janvier 2015 par les citoyen-ne-s grec-que-s ;
  • de mesures concrètes de sortie de l'austérité en Europe et d'une reconstruction européenne fondée sur le progrès social, la solidarité et la protection de l'environnement.

Il revient à l'ensemble des citoyen-ne-s et des mouvements sociaux européens de se mobiliser, avec les Grecs, pour faire de l'élection du 25 janvier 2015 le moment initial d'une nouvelle page de l'histoire européenne, pour la solidarité et le progrès social, pour l'environnement et la démocratie. En ce sens, le SNESUP salue la déclaration, début février 2015, des principaux responsables syndicaux allemands, qui se conclut par «La percée politique en Grèce doit être vue comme une chance pour établir une Europe à la fois sociale et démocratique ! »6. Le SNESUP, ses instances et ses secteurs :

  • poursuivront des activités de solidarité et de coopération avec les syndicats et les collègues de l'enseignement supérieur et de la recherche grecs,
  • participeront aux campagnes de soutien et de mobilisation françaises et européennes, en particulier syndicales, en faveur du respect du choix démocratique des Grecs,
  • animeront une campagne d'initiatives dans les établissements pour soutenir le gouvernement grec dans la mise en œuvre du programme sur lequel il a été élu, pour dénoncer l'attitude des autres gouvernements européens à l'égard de la Grèce et en particulier celle du gouvernement français, et pour promouvoir une Europe libérée de l'austérité et du néolibéralisme.

1 http://www.fao.org/3/a-i4646e.pdf

http://www.data.unicef.org/education/primary

3 Composé des chefs d'État et de gouvernement des 28 États membres de l'UE.

4  Composé des ministres.

http://cadtm.org/Grece-Acte-officiel-de-creation-de

6 Extrait de l'appel/pétition La Grèce, une chance pour l'Europe ! http://www.audit-citoyen.org/?p=6412