Criminologie au CNU : pas de création d'une section à la hussarde

Publié le : 16/02/2012


Criminologie au CNU : pas de création d'une section à la hussarde

Tout laisse à penser que le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche est sur le point de créer une nouvelle section du CNU dont l'objet principal serait la criminologie, champ d'étude au croisement de multiples disciplines. Ce projet, s'il était mené à son terme, finaliserait les travaux menés par une commission ad hoc créée pour l'occasion. Alors que les dérives sécuritaires de la politique du gouvernement redoublent, le ministère a décidé d'exhumer un projet pourtant vivement décrié par les communautés scientifiques et les associations concernées, et suspendu en 2011.

La création d'une nouvelle section du CNU est un acte important qui ne peut être pris à la légère ou faire l'objet d'un ukase politique. Si les disciplines universitaires évoluent - ce qui fait leur richesse - et que les frontières entre spécialités bougent, une nouvelle discipline ne peut émerger sans concertation avec les communautés scientifiques impliquées. La création ex-nihilo de cette section essentiellement motivée par les intérêts de quelques-uns, ne procède en rien d'une vision nationale de la recherche, permettant l'émergence de nouvelles disciplines, dont l'intérêt scientifique et sociétal serait indéniable.

En outre, ce projet de création intervient alors que les sections CNU viennent tout juste d'être installées, et que le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche a désigné les membres nommés dans des conditions déplorables. Cette création est un contournement inacceptable du décret n°92-70 du 16 janvier 1992 relatif au Conseil national des Universités. Cette section ne serait constituée que de nommés, issus en partie d'autres sections, excluant toute représentation sortie des urnes. Le SNESUP récuse une telle conception contraire aux fondements du CNU : la collégialité et la démocratie universitaire au centre de la gestion des carrières des enseignants chercheurs.

Ce projet, s'il voyait le jour, aurait des effets dommageables sur le recrutement, les carrières des enseignants-chercheurs et la structuration de la recherche. En outre, le CNU ne saurait être l'objet d'instrumentalisation et du pilotage de la tutelle, excluant une fois de plus toute consultation de la communauté scientifique. Le SNESUP condamne le coup de force que constituerait la création de cette section de criminologie.

Paris, le 15 février 2012