Nanterre 2011 Rapport d'activité

Publié le : 22/02/2011


Rapport d'activité

 


C'est une sombre période que celle dans laquelle s'est inscrit ce mandat. Elle conjugue les effets nuisibles pour les peuples de la crise économique, financière, sociale et environnementale, de plans d'austérité drastiques pour les travailleurs, décidés sous la pression des marchés financiers et de la politique liberticide et antisociale du président de la République. Malgré des mobilisations sans précédent, le pouvoir en place, poursuivant ses
objectifs de marchandisation profonde de la société, multiplie les attaques contre les fondements des solidarités sociales.

Du mouvement historique de 2009 à l'engagement pour les retraites

La direction issue du congrès d'avril 2009 s'est inscrite d'emblée au coeur du mouvement universitaire le plus puissant depuis cinquante ans. Dans son prolongement, le SNESUP a poursuivi la lutte, multipliant les actions pour s'opposer aux passages en force, devenus la marque de fabrique du gouvernement, et contrer sa politique.

Dans tous les pans de la société, le gouvernement brise les solidarités et met en péril notre modèle social.

Dans le cadre de cette politique néolibérale, il s'acharne contre le service public d'enseignement supérieur et de recherche.

De juin à novembre 2010, la rue a été le terrain principal d'une mobilisation sans précédent contre la destruction du système de retraite. Caractérisée par l'ampleur et la durée des manifestations, ainsi que par le maintien de l'unité intersyndicale, cette mobilisation a reçu un
soutien massif de la population, convaincue du caractère injuste et brutal du projet gouvernemental. Bien qu'affaibli dans l'opinion, le pouvoir a bafoué la démocratie parlementaire et sociale pour l'imposer, et publier des décrets qui l'aggravent et reviennent sur des engagements.
Sur ces fronts, le SNESUP a pris ses responsabilités et appelé avec détermination la communauté universitaire à se mobiliser à la hauteur des enjeux.

Enseignement, recherche : résister et combattre pour nos libertés et le service public

La loi LRU et le passage à marche forcée aux RCE sont en train de détruire les rapports de coopération entre collègues, entre équipes, entre établissements. Toutes les composantes des universités (UFR, IUFM, IUT) se voient déstabilisées.La politique élitiste et discriminatoire de déstructuration du tissu universitaire, accentuée par la récente loi ADNOT, subordonne l'activité scientifique aux exigences des entreprises, au mépris d'un aménagement
équilibré du territoire.
Au coeur de cette restructuration, la série d'appels d'offres liés au Grand Emprunt, s'ajoutant à ceux de l'ANR, instaure une concurrence effrénée, épuisant les collègues à y répondre au risque de délaisser leurs travaux.
Les regroupements d'établissements doivent donner au gouvernement des gages en termes de reculs démocratiques pour obtenir son aval
et bénéficier de ses subsides.
L'individualisation outrancière des rémunérations sape les solidarités et le statut, la bureaucratie endémique mine la collégialité et la démocratie universitaires. L'affaiblissement du rôle prospectif transversal du CNRS dépossédé de ses missions et de celui du Comité national au profit de l'AERES
aggrave la situation.
Allant de pair avec la prétendue autonomie, jamais la tutelle n'a eu autant de leviers pour diriger autoritairement les activités universitaires, contraindre les libertés scientifiques et pédagogiques, répartir discrétionnairement les dotations budgétaires, et imposer sa conception de l'accomplissement de l'ensemble de nos missions. Aggravant les effets nocifs de la LRU, les structures bureaucratiques imposées aux PRES et leur habilitation à délivrer des diplômes nationaux, le transfert du ministre aux présidents « managers » de pouvoirs exorbitants sur le recrutement et les carrières des universitaires, mettent en cause l'unicité et les principes mêmes du service public et les garanties statutaires.
La lutte dans laquelle le SNESUP a joué un rôle moteur en 2009 contre la modification du statut des chercheurs a permis d'obtenir qu'aucune modulation à la hausse ne puisse être imposée. Des dispositions maintiennent au CNU son rôle sur les promotions et lui confient une mission d'évaluation quadriennale.
Bien que notre secteur échappe pour l'instant aux suppressions d'emplois (acquis du mouvement universitaire de 2009), le contexte budgétaire est de plus en plus contraint. Nos analyses des budgets de l'enseignement supérieur, comme celles du SNCS, ont démonté l'opération de mystification
menée par la ministre pour faire croire à une forte augmentation.
Multipliant les manoeuvres et fausses promesses de revalorisation, jouant des désaccords entre syndicats, notamment au sein de la FSU
(votes, désapprouvés par le SNESUP, des décrets statutaires des enseignants au CTPMEN), jonglant avec les circulaires, contournant ses groupes de travail et la commission Marois-Filâtre, méprisant les avis négatifs du CNESER, le gouvernement a fait passer sa contre-réforme de la formation et du recrutement des enseignants contre l'avis quasi unanime de la communauté universitaire et éducative. Il est parvenu à obtenir que des collègues conçoivent des maquettes de master d'enseignement. Aujourd'hui, chacun constate et dénonce l'ampleur des dégâts de cette contre-réforme : cette bataille n'est pas terminée...
En articulation avec les mobilisations contre la « mastérisation », les décrets enseignants-chercheurs et comités de sélection, le passage aux RCE, nous avons investi le terrain juridique et engagé une série de recours devant le Conseil d'État, qui - au prix d'une argumentation assez peu consistante - n'a pas suivi nos analyses.

Le SNESUP renforcé

Les opérations de propagande ministérielle n'ont pas réussi à rallier les collègues à la politique gouvernementale,
à éradiquer l'esprit de résistance apparu lors du mouvement de 2009. La réalité des faits valide les analyses, que nous avons exprimées aussi souvent que possible dans les médias, même si la majorité d'entre eux relaie avec complaisance les mensonges ministériels.
Le SNESUP a vu son rôle incontournable renforcé lors du scrutin au CTPU : 43 % des votes se sont portés sur notre syndicat. Associé au SNCS, nos résultats aux conseils scientifiques du CNRS et de ses instituts sont exceptionnels (81 sièges sur 97) et représentent un échec cinglant du ministère. Ils montrent la confiance qui nous est faite, et font peser sur nous une responsabilité singulière. La nette hausse des adhésions confirme cette tendance.
Pour renforcer notre influence et porter la défense de la démocratie universitaire et de la collégialité au coeur de notre action, nous préparons les scrutins au CNESER et au CNU, en lien avec les sections
En prise avec les réalités des situations auxquelles sont confrontés tous les enseignants du supérieur, le SNESUP a résisté, rassemblé quand tout tend
à diviser la communauté universitaire, construit les analyses contribuant à faire tomber le masque des politiques gouvernementales. Il a également jeté les bases de mesures de réparation immédiates et d'alternatives pour l'enseignement supérieur et la recherche publics.

  • Stéphane Tassel, Secrétaire général

Rapport d'activité présenté à la Commission Administrative le 10 février 2011