Motion Formation Des Enseignants

Publié le : 13/04/2010


Congrès du SNESUP-FSU (28 mars 2003)

MOTION « FORMATION DES ENSEIGNANTS »


La loi de Juillet 1989, avec la création des IUFM, avait ouvert la possibilité d'un progrès majeur dans l'amélioration de la formation pédagogique et scientifique des enseignants. En élevant le niveau de recrutement de tous à la licence, en plaçant cette formation sous la responsabilité d'établissements universitaires rattachés par convention aux Universités c'est-à-dire en liant la formation à la recherche, elle témoignait d'une ambition manifeste pour l'élévation de la qualité professionnelle du personnel enseignant et, partant, de l'école publique toute entière.

Dans des conditions difficiles, les IUFM et leurs personnels, comme le soulignent plusieurs rapports, et notamment plusieurs rapports du C.N.E, ont contribué à une amélioration significative du niveau de qualification des maîtres.

L'alternance politique qui, trois ans après la création des premiers IUFM, a amené au pouvoir des responsables hostiles à cette élévation de la qualité, puis le manque de volonté politique des gouvernements successifs pour mettre en œuvre de façon résolue les orientations qui avaient conduit à la création des instituts, expliquent largement les difficultés rencontrées dans l'application de la loi et les défaillances du dispositif de formation des enseignants dont les IUFM constituaient la pièce centrale.

Aujourd'hui, en survalorisant des insuffisances réelles liées en particulier à la stagnation des moyens et à la volonté de ne pas pérenniser des équipes stables, et en prenant appui sur des critiques trop souvent sans nuances adressées aux IUFM, le gouvernement, au prétexte de réaliser une réforme par ailleurs nécessaire, entreprend une opération qui vise à liquider les acquis de la loi de 1989 pour en revenir à une situation de la formation de enseignants qui la placerait très en de ça de ce qui était la sienne dans les années précédant le vote de la loi.

La transformation prévue des IUFM en « Ecoles professionnelles » relevant du ministère de l'éducation via la DESCO, et non plus de l'enseignement supérieur universitaire (DESUP), cache mal des régressions qui, au delà de l'institution elle même, visent en fait le métier d'enseignant et le niveau scientifique et professionnel des personnels qui l'exercent et le système éducatif tout entier.

Pour les auteurs de la réforme, enseigner ne serait pas un métier de conception mais un métier d'exécution qui devrait s'apprendre essentiellement sur le tas et qui consisterait à exécuter des programmes disciplinaires sous la surveillance des corps d'inspection en reproduisant des gestes techniques appris par mimétisme. Dans ce projet, le niveau des connaissances exigées des personnels et vérifiées dans les concours, ne devrait pas excéder la seule maîtrise des programmes scolaires. C'est toute la perspective d'une nouvelle étape de démocratisation de notre système scolaire qui est remise en cause dans cette affaire. A cet égard, la transformation des conditions de recrutement et de formation des enseignants ne constitue qu'un des volets d'une plus large attaque contre le système éducatif qui touche déjà dans le même esprit de régression, les écoles, le collège, le lycée, l'enseignement supérieur et l'ensemble des services éducatifs : orientation, vie scolaire, santé, etc.. ;

Face à une telle situation, le rôle du SNESUP est clair :


1 - Il doit tout d'abord faire obstacle à ce projet clairement réactionnaire. Le nouvel élan donné à la collaboration des syndicats de la FSU directement concernés par le dossier de la formation, est une première étape. L'appel intersyndical pour une journée d'action nationale le 1er Avril, qui associe les syndicats de la FSU, le SGEN-CFDT, le SE, SUP-RECHERCHE (UNSA) en constitue un moment important. Le Congrès du SNESUP appelle tous les personnels à contribuer au succès de cette première initiative.

2 - Sur le fond du dossier, les propositions intersyndicales rassemblées dans le « Mémorandum », sous les rubriques suivantes, restent d'actualité et fournissent une boussole pour l'action :

  • développer la pré-professionalisation à l'université ;
  • diversifier les cursus universitaires ;
  • mettre à égalité tous les candidats aux concours ;
  • rénover le concours du premier degré ;
  • réformer les concours du second degré ;
  • mieux insérer les stages dans la formation ;
  • donner toute sa place au mémoire professionnel de deuxième année de formation ;
  • lier formation et recherche ;
  • recruter et former de manière spécifique les formateurs d'enseignants.

Toutes les forces syndicales de l'enseignement supérieur (dans son ensemble) doivent se mobiliser sur un dossier essentiel pour l'avenir de l'enseignement public.

Le SNESUP doit faire de cette mobilisation un des axes centraux de son action.

(Unanimité)
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