Appel de la CAN

Publié le : 11/09/2014


Appel de la CA du 11 septembre 2014


Un changement profond de politique s'impose face à l'augmentation continue du chômage et à la désespérance sociale. Sourd aux messages d'inquiétude et de défiance des Français, le nouveau gouvernement Valls accélère la politique d'austérité et de réduction des dépenses publiques déjà engagée. Le « Pacte de Responsabilités » et les propos du Premier ministre, ovationnés par le MEDEF, tournent le dos à une relance économique et à la justice sociale.

En cette rentrée, la situation du pays appelle des mesures d'urgence. Le dogme du FMI et de l'Europe politique actuelle, « Il n'y a pas d'alternative, ni économique ni politique », est de plus en plus remis en cause par les citoyens et gagne du terrain jusque parmi certains parlementaires de la majorité.

Les citoyens doivent se faire entendre avec force. Les syndicats, les partis et les parlementaires doivent prendre leurs responsabilités, en particulier à l'occasion du débat budgétaire, pour imposer des orientations et des priorités qui rompent avec la politique d'austérité, aux conséquences destructrices.

Alors que semble se dessiner une augmentation des effectifs étudiants, dont on doit se réjouir, la situation budgétaire, que vivent les universités et les laboratoires, est particulièrement grave : précarité persistante pour des milliers de jeunes, emplois gelés, suppressions de formations ou diminution des volumes horaires, disciplines menacées, activités de recherche interrompues faute de financement, regroupements autoritaires d'établissements et d'organismes, conditions de travail dégradées, traitements et retraites bloqués, paupérisation des étudiants et risques d'échec aggravés... Elle contraste singulièrement avec les propos mensongers de Mme Fioraso sur le taux d'accès aux financements ANR1 et avec la satisfaction, immédiatement affichée par Mme Vallaud-Belkacem («Nous avons un beau budget »). Avec une "augmentation" de 45 millions d'euros (soit 0,2 %), le budget 2015 de l'enseignement supérieur et la recherche sera, une fois de plus, en diminution par rapport aux besoins et coûts réels ! Le lancement imminent des appels à projets IDEX et ISITE du PIA2 va accélérer la mise en place d'universités à deux vitesses, favorisée par les COMUE.

Les regroupements à marche forcée se poursuivent : les premiers statuts de COMUE ont été rejetés au CNESER de juillet: régionalisation de l'ESR, détournement de moyens (crédits et postes) publics vers des établissements privés membres des COMUE, menaces sur les prérogatives des universités par la mise en cause du lien formation-recherche (les licences restant dans les universités alors que les masters et les doctorats sont transférés aux COMUE), attaques de la cohérence des champs disciplinaires par une structuration de la recherche qui échappe aux responsabilités des communautés scientifiques. Le SNESUP-FSU appelle les universitaires, les étudiants, les citoyens à rejeter ce pilotage direct, technocratique et étroitement contraint par des choix économiques, des priorités et des modalités d'organisation de la recherche et de l'enseignement supérieur public. Tout en rappelant son opposition à la loi LRU et à la loi ESR, le SNESUP-FSU considère que le non-respect, de fait, du calendrier d'installation des COMUE imposé par la loi doit se concrétiser par un moratoire. Celui-ci doit s'accompagner d'une refonte globale de la loi à ce sujet, en lien avec un débat au CNESER sur l'aménagement du territoire et le développement de coopérations mutuellement avantageuses.

Le décret statutaire des enseignants - chercheurs, qui n'avait recueilli aucune voix favorable des organisations syndicales lors du CTU de janvier 2014, a été promulgué le 4 septembre 2014, après de longs mois de blocage en Conseil d'Etat. Ses dangers, fermement dénoncés par le SNESUP-FSU, demeurent inchangés depuis le texte de 2009 : modulation de services maintenue, évaluation tout juste rebaptisée « suivi de carrière », inexistence du droit à la recherche, nouvelles modalités de dérogations et de contournement du CNU dans certains cas de recrutement et de promotion. Il y a urgence, au contraire, à améliorer les carrières et les droits des personnels de l'ESR, titulaires et non titulaires ; le SNESUP-FSU porte les exigences de revalorisations salariales, d'amélioration des conditions de travail, de déroulement de carrières et de protection des personnels. Le SNESUP-FSU appelle les universitaires à exercer la plus grande vigilance pour éviter les conséquences néfastes de l'application de ce décret.

Le SNESUP-FSU interpellera le ministère2 sur tous ces sujets et demandera, sur la base d'un recensement des besoins avérés, remontés par ses sections syndicales dans les établissements, que des mesures d'urgence soient mises en œuvre pour permettre aux universités d'assurer la rentrée dans des conditions décentes.


Comme dans toutes les sphères de la vie sociale, l'écoute des citoyens et de leurs représentants (élus comme organisations syndicales), la prise en compte de leurs analyses, propositions, revendications est au fondement de la démocratie. La crise actuelle est traversée par ces enjeux. Le SNESUP-FSU entend construire avec le plus grand nombre les terrains de convergence et les rapports de force indispensables pour être entendus du gouvernement et des parlementaires.

Dans cette optique, le SNESUP-FSU soutient activement

  • les manifestations du 30 septembre, organisées, à Paris et en province, pour exiger la revalorisation des retraites ;
  • l'initiative du 16 octobre, nationale et interprofessionnelle, public-privé, sur la défense des salaires, des emplois et de la protection sociale ;
  • la mobilisation « Sciences en Marche »3, organisée, dès maintenant, localement et nationalement, dont les cortèges arriveront à Paris le 17 octobre.

La campagne des élections professionnelles du 4 décembre 2014, puis celles des élections au CNESER et au CNU, sont de prochains temps forts pour marquer des points. Ces scrutins doivent aussi permettre de renforcer la cohérence et le poids des syndicats de la FSU, pour la défense des personnels, tant individuelle que collective, et de tous les services publics. Ils doivent permettre de faire entendre les propositions du SNESUP et de la FSU, pour une réelle formation initiale et continue des enseignants, alors que les méfaits de la loi Refondation apparaissent clairement et que les étudiants, les stagiaires et les formateurs en subissent quotidiennement les conséquences.

Pour le développement des connaissances, pour répondre aux urgences sociales et environnementales
, la démocratisation dans l'accès, la réussite et le fonctionnement de l'Enseignement supérieur et de la Recherche sont indispensables ; le SNESUP-FSU appelle tous les universitaires à y contribuer. Cette mobilisation s'inscrit dans une vision globale et cohérente, où les services publics ont un rôle essentiel à jouer, selon une autre conception des priorités et des moteurs du développement que celle mise en œuvre par le gouvernement.

1 En comparant le nombre de projets ayant franchi la 1ère sélection et le nombre de projets retenus, elle a prétendu (comme le fait aussi l'ANR) que le taux de succès était de 28 %, alors que rapporté au nombre total de projets déposés il est de 8,5 %, soit deux fois moins que l'an dernier, où la sélection se faisait en une seule étape. 

2 La secrétaire d'état lors du CNESER du 15 septembre et la ministre lors de l'entrevue avec les syndicats ESR de la FSU le 23 septembre.

3 Voir l'appel des syndicats de la FSU (/Le-Snesup/L-actualite-du-SUP?aid=7074&ptid=5)